Selon les besoins, le Conseil de sécurité envisagerait de déployer de nouvelles forces de sécurité. Une mesure incluse dans la résolution adoptée par l'ONU qui vise notamment à reconduire le mandat de l'Onuci pour six mois.
Le ton est monté d’un cran lundi entre l’ONU et Laurent Gbagbo. Alors que ce dernier avait réclamé samedi le départ des casques bleus de Côte d’Ivoire, le Conseil de sécurité des Nations unies a répondu par une résolution qui reconduit pour six mois le mandat de ses troupes dans le pays.
Le texte, adopté à l’unanimité des quinze pays membres, prolonge jusqu’au 30 juin 2011 le mandat de l’Onuci. Pas moins de 7 200 casques bleus et 1 250 policiers resteront donc sur place, souligne la résolution 1962, qui précise en outre que le Conseil de sécurité envisage d'autoriser le déploiement de "davantage de troupes, en fonction des besoins, sur une base temporaire".
Vers des sanctions onusiennes ciblées ?
Reconnaissant, pour la première fois, dans une résolution Alassane Ouattara comme le
itvainqueur de l'élection présidentielle du 28 novembre, le Conseil se dit également prêt à imposer des "sanctions ciblées contre des personnes qui menacent le processus de paix, y compris en sabotant le résultat du processus électoral". L’Union européenne a quant à elle d’ores et déjà décidé lundi de sanctionner le président sortant et dix-huit membres de son entourage en leur interdisant de voyager sur son territoire.
"Pour l’ONU, c’est une manière de signifier à Laurent Gbagbo qu’il n’est plus le président de la Côte d’Ivoire et qu’il n’a donc plus le pouvoir de demander le départ des casques bleus", analyse Emmanuel Saint-Martin, correspondant de FRANCE 24 à New York.
La résolution 1962 intervient alors que l’ONU dénonce depuis quelques jours des actes hostiles commis par le camp Gbagbo à l’encontre des représentants de son personnel. Selon Choi Young-Jin, le représentant du secrétaire général des Nations unies pour la Côte d’Ivoire qui s’exprimait lundi lors d’une conférence de presse, les partisans du président sortant ont, surtout la nuit, "commencé à envoyer des jeunes gens armés au domicile des personnels" onusiens pour "demander la date de leur départ ou pour y effectuer des fouilles".
"Il est clair que le clan de Laurent Gbagbo fait tout pour nous rendre la vie très difficile, y compris en nous coupant nos approvisionnements et par du harcèlement" et "en faisant des provocations y compris armées", a confirmé à l’AFP Alain Le Roy, le chef des opérations de maintien de la paix des Nations unies."Il y a des provocations, des hommes armés ont tiré sur nos forces et nous ont obligé à répliquer bien sûr", a-t-il déclaré.
"Je pense à mes enfants, à ma famille"
Alain Le Roy affirme désormais craindre une confrontation "dangereuse" entre les forces de l’ONU et l’armée ivoirienne.
"Le mandat des casques bleus est de protéger les populations civiles sur place, mais elles ont aussi le droit de répliquer si elles sont attaquées", indique Emmanuel Saint-Martin. Mais les moyens de l’organisation internationale sur le terrain sont limités. "On le voit dans le cas de la protection d’Alassane Ouattara, réfugié à l’Hôtel du Golf", poursuit le journaliste. "Il est protégé par les casques bleus mais ceux-ci sont eux-mêmes entourés par l’armée ivoirienne."
itCe manque de moyens est durement ressenti dans les quartiers pro-Ouattara, où les Ivoiriens attendent toujours la protection des casques bleus alors que, la nuit, des hommes armés tirent parfois sur les civils, expliquent les envoyés spéciaux de FRANCE 24 sur place. Les habitants érigent eux-mêmes des barricades pour se protéger des violences nocturnes. "Il faudrait que la communauté internationale joigne l’acte à la parole", raconte l’un d’eux, témoignant à visage caché, aux envoyés spéciaux . "Je pense à mes deux enfants, à ma famille, ils vont nous tuer", poursuit-il, effondré.
Selon les chiffres communiqués dimanche par l'ONU, plus de 50 personnes ont d'ores et déjà trouvé la mort dans les violences commises ces derniers jours.
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