
Ingenico, numéro un mondial des terminaux de paiement, a refusé, dimanche, une offre de rachat américaine. Le ministre de l'Industrie, Éric Besson, s'est réjoui de ce refus, qualifiant Ingenico d'entreprise française "stratégique".
REUTERS - Les activités du groupe Ingénico sont jugées stratégiques par les pouvoirs publics français, qui ont soutenu lundi la décision du conseil d’administration du leader français des terminaux de paiement de rejeter un projet d’offre d’achat, dont l’auteur serait le conglomérat américain Danaher.
La cotation de l’action Ingenico a repris à 10h30 à la Bourse de Paris avec une baisse de 7% à 26 euros, après le rejet de l’offre de rachat de 1,44 milliard d’euros sur le capital de la société.
Le conseil d’Ingenico a rejeté dimanche cette offre à 28 euros par action, sans révéler toutefois l’identité de l’acquéreur potentiel qui, selon une source proche du dossier, est Danaher.
Selon la presse, l’Etat souhaite bloquer cette opération, au travers de sa participation dans l’équipementier aéronautique Safran, lui-même actionnaire d’Ingenico à 22%.
« Je vous confirme que l’Etat considère que c’est une entreprise essentielle pour la filière électronique française et, à titre personnel, je me réjouis que le conseil d’administration hier ait considéré que l’offre n’était pas suffisamment intéressante, c’est une étape très importante », a déclaré lundi Eric Besson, le ministre de l’Industrie, de l’Energie et de l’Economie numérique, sur LCI.
« L’Etat discute avec Safran et avec ses dirigeants bien évidemment (...) et l’Etat a pleinement conscience du caractère stratégique de cette entreprise pour la filière électronique française », a déclaré le ministre.
A la question de savoir si cette position reflétait une question de prix ou de principe, il a répondu : « C’est toute la discussion des jours qui viennent ».
"Dégonfler la spéculation"
Selon des analystes, cette déclaration de l’Etat, qui sonne comme un avertissement, limite fortement l’intérêt spéculatif sur le titre Ingenico.
« Le veto du gouvernement devrait dégonfler la spéculation qui entourait le titre depuis quelques semaines », a souligné Jean-Baptiste Sergeant, analyste chez Gilbert Dupont, qui a dégradé lundi sa recommandation sur le titre à « alléger », contre « accumuler » précédemment.
« Nous comprenons qu’Eric Besson n’est pas complètement opposé à une opération, tant que les intérêts français sont protégés. (...) On le voit mal bloquer directement une offre étrangère », observe de son côté un trader.
A 28 euros par action, l’offre représentait une prime de 1,5% par rapport au dernier cours de clôture avant l’annonce, à 27,59 euros jeudi soir.
Ce prix fait ressortir des ratios de valorisation inférieurs à ceux des concurrents du secteur, parmi lesquels l’américain VeriFone, souligne Alexandre Cornu, analyste chez CM-CIC, pour qui le seuil des 28 euros constitue désormais une base de négociation.
L’action Ingenico avait gagné 6,1% au cours des deux séances précédent l’annonce de l’OPA, et progresse de 59% depuis le début de l’année.