Le Quai d'Orsay a annoncé samedi que deux avions ont été affrétés pour amener en France, la semaine prochaine, 318 enfants haïtiens en cours d'adoption par des familles françaises, bénéficiant d'un laisser-passer consulaire exceptionnel.
AFP - Les familles qui réclament depuis près d'un an de faire venir d'Haïti plus de 300 enfants adoptés vont pouvoir passer Noël avec eux: deux avions ont été affrétés pour les transférer la semaine prochaine, a annoncé samedi la ministre des Affaires étrangères Michèle Alliot-Marie.
"Pour permettre aux familles françaises d'aller chercher en Haïti les enfants en cours d'adoption, et compte tenu de l'incertitude pesant sur les vols commerciaux, deux avions ont été spécialement affrétés. Ils quitteront Paris pour Port-au-Prince les 21 et 23 décembre", a déclaré la ministre dans un communiqué.
Au total, 318 enfants, dépourvus de passeport mais bénéficiant d'un laisser-passer consulaire exceptionnel, devraient être concernés par cette venue en France. Ce laisser-passer a été rendu possible par un échange de lettres gouvernementales entre la France et Haïti.
"Les enfants seront acheminés par notre ambassade, avec le soutien des autorités haïtiennes et de la Mission des Nations unies en Haïti (Minustah), dans des conditions sécurisées jusqu'à un point de regroupement où les attendront les familles". Tous rejoindront ensuite l'aéroport de Port-au-Prince, a précisé Michèle Alliot-Marie.
"Durant le retour vers la France, les enfants et leurs familles d'accueil seront accompagnés de membres du Centre de Crise du ministère des Affaires étrangères, du Service de l'Adoption Internationale (SAI) et d'un encadrement médico-psychologique adapté à la situation et à l'âge des enfants".
"A l'arrivée à Paris, familles et enfants seront accueillis par un dispositif de personnels médicaux et de représentants des différentes administrations qui faciliteront les premières formalités des familles adoptantes sur le territoire national", a-t-elle ajouté.
Jeudi, le collectif SOS Haïti enfants adoptés avait demandé à la France d'affréter des avions pour évacuer en urgence des enfants, en faisant valoir que l'épidémie de choléra continuait de progresser en Haïti où une crise politique s'est ajoutée à la difficile reconstruction du pays meurtri par le séisme du 12 janvier (plus de 250.000 morts).
Depuis son apparition à la mi-octobre, l'épidémie de choléra a fait plus de 2.000 morts en Haïti. Les résultats contestés de la présidentielle du 28 novembre ont provoqué ensuite des manifestations violentes dans le pays.
L'opération d'affrètement a été décidée à l'issue de plusieurs réunions interministérielles. Son coût n'a pas été précisé.
"Elle illustre de façon concrète notre volonté d'assurer un accompagnement adapté, humain et efficace, des démarches d'adoption en direction des enfants d'Haïti", a fait valoir Michèle Alliot-Marie.
Le collectif SOS Haïti enfants adoptés s'en est pris à plusieurs reprises à la politique suivie jusqu'à l'automne par l'ex-chef de la diplomatie Bernard Kouchner, accusé d'avoir "laissé pendant près d'un an les familles dans le plus grand désarroi". L'ex-ministre avait pour sa part mis en garde contre les trafics d'enfants et justifié son approche prudente par la nécessité d'un statut juridique clair pour les enfants visés par une adoption en France.
Au total, un millier d'enfants étaient en cours d'adoption avant le séisme et quelque 700 ont depuis rejoint leur famille. Les 318 mentionnés par le communiqué de la ministre bénéficiaient d'un jugement haïtien sur leur adoption mais il leur manquait un passeport pour pouvoir venir en France.
"L'ambassade de France (en Haïti) poursuit son travail pour finaliser les démarches concernant les autres enfants en voie d'adoption, dans les meilleurs délais", a précisé Michèle Alliot-Marie sans dire à combien d'enfants elle faisait allusion.