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L'élan des Taliban en Afghanistan a été stoppé dans presque toutes les régions, mais les progrès restent "fragiles", relève un rapport sur la stratégie américaine dans ce pays remis, jeudi, au président Obama, à sa demande.

AFP - Les Etats-Unis et leurs alliés parviennent à maîtriser les Taliban presque partout en Afghanistan, mais ces progrès restent "fragiles et précaires", selon un rapport remis jeudi au président Barack Obama effectuant le bilan d'un an de nouvelle stratégie américaine dans la région.

Ce rapport, dont une version expurgée et abrégée a été communiquée à la presse par la Maison Blanche, met en avant des succès militaires dans les fiefs talibans des provinces méridionales de Kandahar et du Helmand, et se félicite d'un renforcement des forces afghanes de sécurité.

Il observe que "la dynamique que les Taliban avaient acquise ces dernières années a été stoppée dans une grande partie du pays et repoussée dans certains secteurs clé", mais aussi que "ces progrès restent fragiles et précaires".

Très attendu, ce texte avait été commandé par M. Obama à son équipe de sécurité nationale en décembre 2009, lorsqu'il avait annoncé qu'il portait le contingent américain en Afghanistan à 100.000 hommes, soit le triple du nombre de soldats se trouvant dans ce pays lorsqu'il avait pris ses fonctions début 2009.

M. Obama avait assorti cette décision d'une date de début de retrait dès juillet 2011. Alors que l'année 2010 a de loin été la plus meurtrière pour les troupes étrangères dans le pays, le rapport ne bouleverse pas cette stratégie.

"Notre stratégie en Afghanistan est en train de mettre en place les conditions nécessaires au début d'une réduction responsable des forces américaines en juillet 2011", selon ce document qui évoque aussi la date de 2014, entérinée par l'Otan lors de son sommet à Lisbonne il y a un mois, pour une "transition complète" de la responsabilité de la sécurité aux forces afghanes.

Revenant sur les origines du conflit, le texte affirme aussi que "la direction d'Al-Qaïda au Pakistan est plus faible et soumise à des pressions plus constantes que jamais depuis qu'elle a fui l'Afghanistan en 2001" lors de l'invasion de ce dernier pays par les Etats-Unis et leurs alliés.

Les auteurs du rapport se gardent toutefois de conclure à la neutralisation des chefs d'Al-Qaïda, dont Oussama ben Laden et Ayman Al-Zawahiri, toujours insaisissables neuf ans après les attaques du 11-Septembre, et soulignent que la capacité de la nébuleuse extrémiste à organiser des attentats a été "réduite" mais pas "stoppée".

"Des complots terroristes continuent à être montés contre les Etats-Unis, nos alliés et nos partenaires", juge ce rapport, en estimant que "la défaite stratégique finale d'Al-Qaïda sera accomplie en supprimant ses sanctuaires dans la région et en éliminant ce qui reste de ses cadres dirigeants".

Dans cette optique, l'appui des autorités pakistanaises se révélera déterminant, selon ce document qui constate que "les progrès dans notre relation avec le Pakistan lors de l'année écoulée ont été substantiels mais aussi inégaux".

Parmi les "ajustements" nécessaires selon les auteurs, figure "une meilleure coopération avec le Pakistan le long de la frontière avec l'Afghanistan pour empêcher aux extrémistes de se retrouver en sûreté".

Le texte reste en revanche remarquablement silencieux sur les tensions qui ont émaillé les relations entre les Etats-Unis et les dirigeants afghans lors de l'année écoulée. Des câbles révélés par WikiLeaks ces dernières semaines ont montré la méfiance de diplomates américains vis-à-vis du président Hamid Karzaï, entre accusations de corruption et de paranoïa.

M. Obama, qui a appelé son homologue afghan au téléphone avant la publication du rapport, selon Kaboul, devait s'exprimer en fin de matinée à la Maison Blanche, où la secrétaire d'Etat Hillary Clinton et le secrétaire à la Défense Robert Gates devaient ensuite participer à une conférence de presse.