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Le vote d'une hausse des frais universitaires provoque une flambée de violence

Des violences ont éclaté dans le centre de Londres lors des manifestations contre la hausse des frais universitaires, faisant plusieurs blessés. La réforme a malgré tout été adoptée par un Parlement divisé, renforçant la colère des manifestants.

Alors que des manifestations étudiantes ont agité les rues de Londres ce jeudi, le Parlement britannique s'est prononcé en faveur du projet de relèvement des frais universitaires. La Chambre des communes l'a approuvé avec une majorité de 21 voix. 

L'adoption de la réforme n'a fait qu'augmenter la colère des manifestants. Au moins trente-huit manifestants et dix policiers ont été blessés, dont plusieurs sérieusement, selon un bilan de la police. Vingt-deux personnes ont par ailleurs été interpellées, dont trois pour agression sur des forces de l'ordre, a ajouté la police, qui a dénoncé la présence de casseurs. Plusieurs bâtiments officiels ont également été attaqués. 

Des protestataires ont bombardé de projectiles, dont des pierres et des bâtons, les policiers. En début de soirée, une fois le projet de loi adopté, un groupe a cassé des vitres blindées du ministère des Finances, tentant en vain d'entrer dans le bâtiment.

La Rolls Royce qui transportait le prince Charles et son épouse Camilla a également été attaquée par des manifestants qui ont endommagé une fenêtre de la voiture et jeté de la peinture blanche sur le véhicule noir, sans cependant blesser le couple qui se rendait au théâtre.

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Le vote d'une hausse des frais universitaires provoque une flambée de violence

Les universités "les plus chères du monde"

Le sujet de la discorde est la hausse du plafond de ces frais universitaires, aujourd’hui fixé à 3 290 livres par an (environ 4 000 euros). Avec la réforme, les universités pourraient fixer des frais d’inscription s’élevant jusqu’à 9 000 livres.

Ce quasi-triplement du plafond provoque la colère des organisations étudiantes. Le principal syndicat étudiant appelle à lutter contre ce projet qui fera alors des universités anglaises "les plus chères au monde".

Cette journée de mobilisation est la cinquième en moins d’un mois, preuve de l’impopularité de la réforme auprès de la population étudiante.

Des manifestations "moins idéologiques qu’en France"

"Ce type de manifestation étudiante est très inhabituel en Angleterre", précise Sarah Pickard, maître de conférences à la Sorbonne Nouvelle, Paris III et spécialiste de la jeunesse britannique.

"Les dernières grandes manifestations dénonçaient la guerre en Irak ou les méfaits de la mondialisation. Mais il s’agissait de manifestations générales, pas seulement étudiantes. Pour voir un tel mouvement avec occupation de locaux universitaires il faut remonter aux années Thatcher", rappelle-t-elle.

Si elle assure que les étudiants anglais se sont peut-être "un peu inspirés" de leurs homologues français, elle précise que les cortèges sont habituellement "beaucoup moins idéologiques qu’en France, où on affiche beaucoup son anticapitalisme". "En Angleterre ils sont plus pragmatiques, ils demandent simplement à ne pas être trop endettés après leurs études", explique-t-elle.

La "trahison" de Nick Clegg

La Chambre des communes a débattu toute la journée du projet, qui était loin de faire l’unanimité sur les bancs de la Chambre basse du Parlement britannique.

Les libéraux-démocrates, qui font partie de la coalition gouvernementale, s’étaient en effet engagés au moment des élections à ce que la rigueur ne touche pas le système éducatif britannique. Depuis, le leader des "Lib-dem", le vice-Premier ministre Nick Clegg, a revu son jugement et fait désormais campagne auprès de David Cameron pour que les députés adoptent le plan.

"De nombreux jeunes se sentent trahis car beaucoup d’entre eux ont voté pour Nick Clegg qui leur avait promis de ne pas augmenter les frais de scolarité", assure Sarah Pickard. Même si elle estime que le mouvement devrait continuer après le vote, elle ne voit pas le gouvernement reculer. "Cameron va certainement lâcher du lest pour amadouer les étudiants, mais cela paraît très improbable que la réforme soit enterrée".