
Placé en détention provisoire depuis mardi au Royaume-Uni, Julian Assange est recherché par la justice suédoise pour des faits de viol et d’agression sexuelle. Ses défenseurs crient au complot.
Le destin de l’homme qui fait trembler les États-Unis depuis plusieurs mois est entre les mains de la justice britannique. Le fondateur du site WikiLeaks, Julian Assange, s’est livré mardi à la police de Londres, avant d’être placé en détention provisoire, le temps pour la justice britannique de se prononcer sur la demande d’extradition émise par les autorités suédoises.
Ce n’est pas en raison de la divulgation des milliers de télégrammes diplomatiques classés confidentiels qu’il a été arrêté, mais pour une affaire d’agressions sexuelles qui aurait eu lieu en Suède.
C’est en effet dans ce pays que se sont déroulés les faits qui sont aujourd’hui reprochés à Julian Assange. Le 11 août 2010, le co-fondateur du site qui a multiplié les révélations sur les guerres d’Irak et d’Afghanistan est invité à participer à un séminaire organisé par le Parti social-démocrate suédois. C’est en marge de ce congrès qu’il est soupçonné d’avoir commis un viol et des violences sexuelles à l’encontre de deux Suédoises.
- Contrainte sexuelle, pour avoir usé de sa force pour maintenir couchée Mademoiselle A.
- Agressions sexuelles, pour avoir refusé d’utiliser un préservatif avec Mademoiselle A. et Mademoiselle W.
- Viol, pour avoir eu une relation sexuelle non protégée avec Mademoiselle W. alors qu’elle était endormie.
Il est passible d'une peine maximale de quatre ans de prison.
Mademoiselle A. et Mademoiselle W.
La première, appelée Mademoiselle A. dans le rapport de la police suédoise que s’est procuré le Daily Mail, est l’une des organisatrices du sommet. Dans sa déposition, elle affirme avoir eu une relation sexuelle avec Julian Assange. Elle reconnaît avoir été désireuse de coucher avec le fondateur de WikiLeaks, mais elle l’accuse d'avoir alors refusé de faire usage d'un préservatif.
La seconde, surnommée Mademoiselle W., lui reproche également de n’avoir pas voulu se protéger lors d’un rapport sexuel survenu quelques jours plus tard.
Elles auraient toutes les deux porté plainte et une enquête a été ouverte par le parquet de Göteborg. Abandonnée un temps, l’enquête a depuis été rouverte par un autre procureur. Même s’il n’est toujours pas officiellement poursuivi en Suède, Julian Assange est convoqué par un procureur de Göteborg qui peut ensuite décider de lancer une procédure judiciaire.
Le fondateur de WikiLeaks se déclare "victime" d’une "conspiration"
Le fondateur de WikiLeaks estime quant à lui être victime d’une "conspiration" et redoute d’être extradé, après la Suède, vers les États-Unis, même si aucune charge ne pèse jusqu’à présent sur lui malgré les appels de politiciens américains en faveur d’une condamnation pour "terrorisme".
La justice suédoise se défend d’avoir subi des pressions américaines en vue de mettre la main sur le fondateur de WikiLeaks. "Si j'ai lancé un mandat d'arrêt européen, ce n'est pas pour le remettre aux États-Unis", a lancé la procureur en charge du dossier lors d'une conférence de presse mardi à Göteborg.
Même son de cloche du côté de l'avocate des deux plaignantes qui assure que cette affaire "n'a rien à voir avec WikiLeaks ou la CIA". Interrogée sur le risque de poursuites pour Julian Assange en Suède, elle a par ailleurs estimé qu'il était "de plus de 50 %".