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Gbagbo investi président, Ouattara prête également serment

Déclaré vainqueur par le Conseil constitutionnel et soutenu par l’armée, Laurent Gbagbo a été investi président, samedi. Son opposant, Alassane Ouattara, qui a reçu le soutien de Guillaume Soro, a adressé sa prestation de serment par écrit.

Laurent Gbagbo a été solennellement investi, ce samedi, président de la Côte d’Ivoire. Le Conseil constitutionnel l'avait désigné vendredi vainqueur à l'issue du 2e tour du scrutin du 28 novembre. "Que le peuple me retire sa confiance et que je subisse la rigueur des lois si je trahis mon serment", a déclaré le candidat de la LMP, sous les ovations, lors d’une cérémonie organisée à Abidjan en début d’après-midi.

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Paul Yao N’Dré, président du Conseil constitutionnel, a réitéré ses critiques envers la Commission électorale indépendante (CEI), parlant de dizaines de milliers de voix attribuées "frauduleusement, avec la complicité de la commission électorale régionale", à Alassane Ouattara. "Un tel agissement est caractéristique d’une volonté manifeste de travestir la vérité et entame la sincérité du scrutin dans toute la région de la vallée du Bandama", a-t-il déclaré lors de la cérémonie de samedi.

De son côté, Alassane Ouattara, a lui aussi prêté serment "en qualité de président", cette fois par courrier adressé au Conseil constitutionnel.

Celui qui se présente comme le "président élu" de la Côte d'Ivoire, s'appuyant sur les résultats provisoires de la Commission électorale indépendante (CEI) qui le créditaient jeudi de 54,1% des suffrages, a reçu le soutien, samedi, de Guillaume Soro. Le Premier ministre, a décidé "d’aller rendre la démission de [s]on gouvernement", en signe de soutien au candidat du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP). Il juge "injuste et inacceptable" la décision du Conseil constitutionnel. Ancien chef des rebelles nordistes, Soro avait été désigné Premier ministre au lendemain de la signature des accords de Ouagadougou, en mars 2007.

Deux morts dans le quartier de Port-Bouët

Également dans la nuit de vendredi à samedi, des échanges de tirs ont été entendus par des riverains interrogés par l’AFP, à la lisière du quartier populaire d'Abobo et de la banlieue d'Anyama à Abidjan. Aucune précision n’est donnée pour l'heure sur l'origine de ces tirs.

Enfin, dans le quartier populaire de Koumassi, au sud de la ville, des centaines de jeunes pro-Ouattara ont érigé des barricades et mis le feu à des pneus ou des bouts de bois, dans une ambiance électrique. Les barricades érigées dans la matinée par des manifestants sur le boulevard Giscard d'Estaing, principale artère d'Abidjan reliant l'aéroport au centre administratif et des affaires du quartier du Plateau, ont été rapidement levées, a précisé une source militaire interrogée par l’AFP.

Des soutiens de taille

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Le président sortant bénéficie du soutien des généraux de l’armée qui lui ont prêté allégeance, vendredi, dont le chef d’état-major des armées, le général Philippe Mangou. Un peu plus tôt dans la journée, le président du Conseil constitutionnel, Paul Yao N’Dré, avait annoncé la victoire du candidat de La Majorité présidentielle (LMP) avec 51,45 % des suffrages exprimés contre 48,55 % pour son rival, l’ancien Premier ministre Alassane Ouattara, candidat du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP). De fait, le Conseil constitutionnel a tranché en faveur du camp Gbagbo, qui réclamait l’annulation des suffrages dans sept départements du Nord (Bouaké, Korhogo, Ferkessedougou, Katiola, Boundiali, Dabakala et Seguéla), région contrôlée depuis 2002 par l’ex-rébellion des Forces nouvelles (FN).

La victoire de l’ancien Premier ministre a, quant à elle, été défendue, non seulement par la Commission électorale indépendante et par le Premier ministre Guillaume Soro, mais aussi par l’Onu. L’envoyé spécial des Nations Unies en Côte d’Ivoire, Young-jin Choi, a déclaré vendredi soir : "Les résultats du second tour de l'élection présidentielle tels qu'annoncés le 2 décembre par la Commission électorale ne changent pas, ce qui confirme que le candidat Alassane Ouattara a remporté le scrutin." Or, comme le rappelle RFI, Youn-jin Choi peut se réclamer des prérogatives qui lui ont été accordées en 2005, pour certifier le vote du 28 novembre et annoncer le nom du vainqueur.

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Samedi, le directeur général du Fonds monétaire international (FMI), Dominique Strauss-Kahn, a par ailleurs souligné que son institution, dont Abidjan attend un considérable allègement de dette, ne travaillerait pas avec un gouvernement non reconnu par les Nations unies, comme celui de Laurent Gbagbo.

La communauté internationale se mobilise

Le chef de l’État français, Nicolas Sarkozy, a lui aussi endossé la position de l’ONU, adressant "ses félicitations au président élu, M. Alassane Ouattara". Les États-Unis, par la voix du président Barack Obama, ont également reconnu la victoire du candidat du RHDP. Samedi, le président de la Commission européenne José Manuel Barroso a estimé qu'Alassane Ouattara était le "vainqueur légitime" de l'élection présidentielle en Côte d'Ivoire et a appelé son rival Laurent Gbagbo à "respecter" le résultat du scrutin.

De son côté, la Cour pénale internationale, qui siège à La Haye, a déclaré vendredi qu’elle continuerait à "observer attentivement la situation en Côte d’Ivoire". "Tous les actes de violence seront surveillés et minutieusement examinés de près par le Bureau

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Manifestation devant l'ambassade ivoirienne à Paris
Gbagbo investi président, Ouattara prête également serment

en vue de déterminer si des crimes relevant de la compétence de la Cour sont commis et devraient justifier une enquête", a déclaré Fatou Bensouda, procureur adjoint de la CPI, dans un communiqué.

Enfin, l'Union africaine (UA) a appelé samedi au respect des résultats de la Commission électorale ivorienne désignant jeudi Alassane Ouattara vainqueur du scrutin et pris ainsi indirectement position contre le président sortant Laurent Gbagbo.