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Les Suisses se prononcent sur le renvoi automatique des criminels étrangers

Deux référendums controversés sont organisés ce dimanche en Suisse. L'un porte, en particulier, sur un durcissement de la loi actuelle sur le renvoi des criminels étrangers. Une proposition initiée par le parti populiste de droite UDC.

AFP - La Suisse se prononçait dimanche sur deux initiatives populaires à forte portée symbolique, le renvoi automatique des criminels étrangers, un an après le vote décrié sur les minarets et un projet d'"impôts équitables" dans un pays considéré comme un havre fiscal.

Régulièrement sollicités par des initiatives populaires qui forment le socle de la démocratie suisse, les électeurs hélvétiques ont préféré voter dans leur grande majorité par correspondance ou courrier électronique bien que quelques bureaux de vote étaient ouverts dans la matinée.

A la mi-journée, l'institut de sondage gfs.bern n'était pas en mesure de donner une première tendance nationale des résultats de la votation dans les 26 cantons portant sur l'initiative populaire du parti de droite populiste UDC, réclamant un durcissement des renvois de criminels étrangers.

Mais selon des chiffres quasi-définitifs, les électeurs du canton de Genève refuseraient par 54% ce projet, de même que Zürich avec 50,6% des votes.

A Bâle-Ville, ce serait également non au tour de vis pour les criminels étrangers par 55,6%. En revanche, à Fribourg et Lucerne, le non l'emporterait.

Le renvoi des criminels étrangers est déjà possible sous certaines conditions en Suisse mais le texte proposé par la droite dure va plus loin en proposant un retrait automatique du droit de séjour des étrangers coupables notamment de "viol, délit sexuel grave, actes de violence tels que le brigandage", de "trafic de drogue" mais aussi d'"abus de l'aide sociale".

La campagne de l'UDC a donné lieu à une débauche d'affiches ouvertement xénophobes dans un pays qui compte 21,7% d'étrangers. "Ivan S., violeur et bientôt Suisse?" proclame l'une d'entre elle sur un profil de moustachu musclé à mine patibulaire.

Fabrice Moscheni, président de l'UDC pour le canton de Vaud, estime que "les gens qui viennent en Suisse et y sont accueillis doivent respecter les règles et les lois. Si ces gens commettent des crimes importants, on doit les renvoyer d'où ils viennnent car ils n'ont rien à faire en Suisse".

Pour René Longet, un responsable PS de Genève, l'UDC "est une vrai machine de guerre qui se fait élire en travaillant sur le patriotisme, anti-étranger essentiellement" et "n'a pas de proposition en dehors de cela". "Il y a toujours des affiches douteuses..., il y a toujours de la transgression".

Les critiques pointent du doigt l'absence de prise en compte de la proportionnalité des délits, l'automaticité des renvois et la violation du droit international.

Pour éviter un nouveau tollé, le gouvernement a lancé un contre-projet qui prend en compte la gravité des délits et sur lequel les Suisses devront également voter.

Mais pour certains, Amnesty International ou le PS suisse, ce contre-projet n'est autre qu'une "version light" de l'initiative de l'UDC.

"Sommes nous devenus fous? Allons nous devenir les complices d'un acte liberticide?" s'est insurgé Le Temps dans un récent éditorial fustigeant "une initiative injuste et un contre-projet dont ses pairs savent qu'il est indigne d'une vieille démocratie".

Les Suisses se prononcent également sur une initiative "Pour des impôts équitables" lancée par le parti socialiste. Le projet vise à aplanir la concurrence fiscale que jouent certains cantons pour attirer les plus grosses fortunes du pays.