En poste depuis mai 2007, le Premier ministre français a su se rendre indispensable. Il prononce ce mercredi un discours de politique générale à l’Assemblée nationale, un épisode qui doit marquer une nouvelle étape dans son ascension politique.
Il semble loin le temps où il était moqué pour sa discrétion voire son effacement derrière "l’hyper président" Nicolas Sarkozy. Le président, lui-même, le qualifiait, à l'époque, de simple "collaborateur" de l'Élysée. Or, en trois ans et demi à Matignon, François Fillon s’est imposé comme de l’un des personnages clés de la droite française.
Tout juste auréolé de sa reconduction au poste de Premier ministre, le 14 novembre dernier, le chef du gouvernement entend bien asseoir un peu plus son autorité.
Grand oral ce mercredi à 15h
Si en 2007, le Premier ministre avait été humilié par le secrétaire général de l'Élysée, Claude Guéant, qui avait dévoilé les grandes lignes de la politique du gouvernement la veille du discours de François Fillon, cette fois-ci, c'est seul aux commandes qu'il prononcera devant les députés son discours de politique générale. Dans l’enceinte du Palais Bourbon, il définira la feuille de route du gouvernement jusqu’à la présidentielle de 2012. Il aura également à cœur de prouver aux Français que l’Élysée n’est plus seul maître à bord et que le pouvoir exécutif a bien deux têtes en France.
Même si les prochaines réformes doivent s’inscrire dans la ligne des engagements pris par Nicolas Sarkozy, c’est à lui que revient la tâche de les mener à bien.
"Nous ne changerons pas de cap parce que nous sommes engagés par la campagne de 2007 et par l'élection du président de la République", a-t-il ainsi déclaré mardi à l'Assemblée.
Le Premier ministre devrait de nouveau insister sur la nécessité de réduire la dette publique. La lutte contre les déficits constitue en effet son principal cheval de bataille depuis la crise financière internationale. Une thématique plus que jamais d’actualité, selon lui, au vu de la crise grecque et des récents déboires de l’Irlande.
François Fillon a d’ailleurs décidé d’engager la responsabilité de son nouveau gouvernement à l’issue de son grand oral. Un vote surtout symbolique, son parti, l’UMP, disposant d’une large majorité à l’Assemblée.
Retour en grâce
Longtemps annoncé sur le départ au profit du centriste et ancien ministre de l’Écologie Jean Louis Borloo, François Fillon a finalement su se rendre indispensable. Il a notamment fait preuve d’un grand sens politique en orchestrant parfaitement sa candidature à sa propre succession.
"Je crois à la continuité de notre politique réformiste parce que l'on ne gagne rien à changer de cap au milieu de l'action et parce que le redressement de la France réclame de la durée" avait-il ainsi lancé quelques jours avant l’annonce du remaniement.
Ressouder la droite
Nicolas Sarkozy a besoin d’une majorité forte et disciplinée pour finir son mandat et se projeter vers la présidentielle de 2012, et c'est à Fillon qu'incombe cette tâche.
Apprécié au sein de la majorité, le Premier ministre devra ressouder les élus, tiraillés entre des centristes mécontents de leur mise à l’écart et des anciens chiraquiens tentés par l’alternative Villepin.
À plus long terme, son ascension politique devrait se poursuivre et si certains l’imaginent déjà maire de Paris en 2014, d’autres voient encore plus grand. Invité mardi sur Public Sénat, l’ancien chef de l’État Valery Giscard d’Estaing a indiqué que François Fillon avait l’étoffe d’un président de la République.