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Un accord avec la Russie sur le bouclier antimissile

Au cours du sommet qui s'est achevé samedi à Lisbonne, le secrétaire-général de l'Otan, Anders Fogh Rasmussen (à gauche) et le président russe Dmitri Medvedev (droite), sont parvenus à un accord pour coopérer sur la défense antimissile en Europe.

AFP - La Russie et l'Otan ont décidé, lors d'un sommet samedi à Lisbonne, d'approfondir leur coopération sur l'Afghanistan et sur la défense antimissile, pour un nouveau départ après la brouille liée à la guerre russo-géorgienne d'août 2008.

"Notre sécurité est indivisible", a assuré le secrétaire général de l'Otan, Anders Fogh Rasmussen, devant les 29 participants, dont le président américain Barack Obama et son homologue russe Dmitri Medvedev.

Le président Medvedev a jugé "révolue" la période de tension entre l'alliance occidentale et la Russie et a confirmé que Moscou allait travailler avec l'Otan sur le bouclier antimissile visant à assurer la protection des populations en Europe.

Moscou va aussi relancer la coopération, suspendue depuis le début 2008, sur un programme de protection des soldats en opérations contre les missiles.

Samedi, Moscou a aussi apporté son soutien à l'action des alliés occidentaux en Afghanistan, le jour même où ces derniers ont entériné une stratégie de sortie de ce pays pour la majorité de leurs troupes.

M. Rasmussen a annoncé un accord avec la Russie améliorant le transit ferroviaire d'équipements destinés aux troupes de l'Otan en Afghanistan via le territoire russe et des républiques d'Asie centrale.

Le président français Nicolas Sarkozy a tenu à rassurer la Russie, qui s'en est inquiétée, en indiquant implicitement que ce futur bouclier n'était pas dirigé contre elle.

"J'ajoute que la Guerre froide, c'est fini. Le Pacte de Varsovie, c'est fini. L'Union soviétique, c'est fini", a répété M. Sarkozy.

"La présence de M. Medvedev ici est extrêmement importante, dans un climat apaisé par rapport à ce que fut la présence de M. Poutine (au sommet de l'Otan) à Bucarest en 2008, ce qui montre qu'avec la Russie, nous avons un nouveau concept stratégique à bâtir", a-t-il dit.

Le président américain Barack Obama a voulu rassurer les pays de l'Otan qui pourraient s'inquiéter de ce rapprochement avec la Russie.

Il n'est pas dans l'"intérêt" de Moscou de menacer militairement ou économiquement l'Occident, a-t-il déclaré dans une interview publiée samedi par le quotidien polonais Gazeta Wyborcza.

Un changement d'atmosphère

Le précédent sommet Otan-Russie s'était tenu à Bucarest en avril 2008, mais la guerre russo-géorgienne d'août de la même année avait provoqué le gel de la coopération entre l'alliance occidentale et Moscou, avant que les deux parties ne s'entendent pour la relancer en 2009.

M. Medvedev a souligné que "pour tout le monde l'atmosphère est différente".

Il a ajouté que cette ambiance "très ouverte" avait permis à chacun "de dire tout ce qu'il avait en tête, ce qui me permet d'être optimiste", et "même plus optimiste après ce sommet qu'avant", a-t-il dit.

Cela n'a cependant pas empêché le chef de l'Etat russe de modérer un peu l'enthousiasme général.

M. Medvedev a fait comprendre que la réponse positive donnée par la Russie à l'Otan pour travailler à un bouclier antimissile en Europe était conditionnée à la qualité de cette collaboration et à la place qui serait réservée à son pays.

"Si nous ne participions pas du tout, alors nous serions forcés de nous défendre, pour des raisons compréhensibles", a-t-il conclu.

Pour l'Otan, toutefois, il n'est pas question pour l'instant d'un système intégré avec la Russie, mais d'un lien entre son propre bouclier -largement basé sur la technologie américaine- et celui de Moscou, consistant en un échange d'informations et des procédures d'alerte mutuelles.