Réunis à Lisbonne, au Portugal, les 28 pays membres de l'Otan entendent préparer le départ des troupes œuvrant sous son commandement en Afghanistan. Mais aussi définir de nouvelles stratégies destinées à répondre aux défis du XXIe siècle.
AFP - L'Otan a ouvert vendredi à Lisbonne son 22e sommet, qui doit adopter des décisions cruciales : sortir d'Afghanistan sans l'abandonner, protéger l'Europe des missiles en coopération avec la Russie et adapter l'alliance aux menaces actuelles.
"Nous allons prendre des décisions qui forgeront l'avenir de notre alliance (...) Ce sommet sera l'un des plus importants de son histoire", a déclaré le secrétaire général de l'Otan Anders Fogh Rasmussen en ouvrant les débats qui s'achèveront samedi.
Les 48 pays -dont les 28 de l'Otan- contribuant depuis 2003 à l'Isaf, la force internationale sous commandement de l'alliance, ainsi que l'ONU, la Banque mondiale, l'Union européenne, le Japon et le président afghan Hamid Karzaï se concerteront samedi sur un tournant majeur dans l'intervention internationale en Afghanistan.
Ils donneront leur aval au transfert progressif de la responsabilité des opérations de combat à l'armée afghane de 2011 à 2014, de façon à permettre aux alliés de retirer complètement leurs troupes ou de ne plus leur assigner qu'un rôle de soutien.
Ils adopteront ensuite un "plan de partenariat à long terme", garantissant au président afghan Hamid Karzaï de ne pas se retrouver seul face aux talibans.
En Afghanistan depuis 2003, jamais l'Alliance atlantique n'a effectué une intervention armée aussi importante, aussi longue et aussi loin de ses bases.
itAprès la mort vendredi d'un autre soldat, le bilan provisoire cette année est passé à 654 décès dans les rangs de la force internationale, un record. Au total 2.200 militaires étrangers sont morts en Afghanistan depuis le début de l'intervention sous commandement américain fin 2001.
L'objectif plus général, a poursuivi M. Rasmussen, est aussi de définir à ce sommet "la direction que va suivre l'alliance dans les 10 prochaines années" pour la rendre "plus efficace, plus engagée dans le monde que jamais auparavant".
Un projet de bouclier antimissile destiné à protéger les populations d'Europe, la rénovation de l'Otan, via un allègement de ses structures, et un nouveau "concept stratégique", texte qui doit servir de référence à son action sur dix ans.
Les nouvelles menaces -cyberattaques, terrorisme, prolifération balistique et nucléaire, sécurité des approvisionnements énergétiques- y figurent en bonne place.
"Nous sommes à Lisbonne pour revitaliser l'Alliance atlantique au XXIe siècle et renforcer le partenariat entre les Etats-Unis et l'Union européenne", avait déclaré auparavant le président américain Barack Obama, à l'issue d'un déjeuner avec le président portugais Anibal Cavaco Silva.
Un sommet Etats-Unis/UE doit aussi en effet se dérouler samedi, sur fond de dissensions économiques et monétaires.
Evoquant le sommet Otan-Russie, qui doit avoir lieu samedi également après deux ans d'une interruption due au conflit russo-géorgien, M. Obama estime possible d'"approfondir la coopération" avec Moscou "sur l'Afghanistan, la lutte contre le trafic de drogue et les défis du XXIe siècle - de la prolifération d'armes nucléaires à la montée de l'extrémisme violent".
"Et, en avançant" éventuellement avec Moscou "dans une collaboration sur le système de défense antimissile, nous pouvons transformer ce qui était une source de tensions par le passé en une source de coopération contre une menace commune", a-t-il espéré.
Le site du sommet, dans le quartier ultra-moderne du parc des Nations en bordure du Tage, a été entièrement bouclé par la police, sur les dents pour empêcher la répétition des violences qui ont marqué le précédent sommet de l'Otan à Strasbourg-Kehl, en avril 2009.
Samedi, une grande manifestation pacifique est prévue au coeur de la capitale portugaise, à l'appel d'une centaine d'associations, syndicats de gauche et du Parti communiste portugais.