En Haïti, alors que le bilan provisoire de l'épidémie de choléra est de plus de mille morts, les tensions entre Casques bleus et manifestants se poursuivent. Hier, deux personnes ont perdu la vie et une vingtaine d'autres ont été blessées.
AFP - La situation restait tendue en Haïti mardi, au lendemain de heurts entre casques
Des rumeurs circulent dans le pays sur l'origine de la bactérie, incriminant les humanitaires étrangers et particulièrement des soldats népalais de l'ONU. "Certains pensent que des matières organiques humaines jetées dans une rivière (...) par la Minustah sont à l'origine de l'épidémie (...), mais (la mission) utilise en fait sept fosses septiques", se défend la Mission des Nations unies pour la stabilisation en Haïti (Minustah).
À Genève, une responsable de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a affirmé qu'il était "absolument impossible" que la maladie ait été apportée par des humanitaires venant d'autres pays. Selon elle, ce n'est pas la première fois que le choléra apparaît dans un pays sans qu'aucune explication soit trouvée.
bleus et manifestants en colère contre la gestion par les autorités de l'épidémie de choléra qui a fait plus de mille morts, avec des barricades en feu et des tirs sporadiques par endroits.
Des barricades de pneus en feu ont été érigées à Cap-Haïtien (nord) et Hinche (centre), et des tirs sporadiques s'y sont produits, a indiqué à l'AFP un responsable de la police de la capitale Port-au-Prince sous couvert d'anonymat.
Des heurts avaient éclaté lundi dans ces deux villes, faisant deux morts et quatorze blessés à Cap-Haïtien et six blessés parmi les soldats de l'ONU à Hinche. L'ONU a reconnu lundi avoir tiré, en état de légitime défense, sur un des hommes qui est décédé.
"On est en train de suivre l'évolution de la situation dans d'autres villes où il y a eu des tentatives de manifestations ce matin", a ajouté le responsable de la police, indiquant que le ministre de l'Intérieur Paul-Antoine Bien-Aimé et le directeur général de la police Mario Andrésol allaient se rendre dans le nord du pays pour tenter de ramener le calme.
A Cap-Haïtien, deuxième ville du pays située à quelque 300 km au nord de Port-au-Prince, des manifestants avaient mis le feu lundi à un commissariat. Les écoles étaient restées fermées, certains parents refusant d'y envoyer leurs enfants de peur qu'ils soient contaminés par le choléra.
Le même jour à Hinche, des casques bleus népalais, accusés par une partie de la population d'avoir propagé l'épidémie de choléra, avaient été la cible de jets de pierre lors d'un rassemblement de quelque 400 personnes.
Une rumeur affirme que l'épidémie a été causée par les fosses septiques d'une base de l'ONU situé près de Mirebalais (centre), où beaucoup de soldats népalais sont stationnés.
"De fausses rumeurs" pourraient avoir été la cause des attaques d'une partie de la population contre les soldats népalais, a déclaré mardi à l'AFP Ramindra Chhettri, porte-parole de l'armée népalaise. Mais les tests sanitaires effectués auprès de nos soldats prouvent qu'ils n'ont rien à voir avec l'épidémie, a-t-elle précisé.
L'armée népalaise a renforcé la protection de son millier de casques bleus travaillant dans le pays avec la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (Minustah).
Dans un communiqué publié lundi soir, cette dernière a dénoncé "des actes de violence contre les forces de l’ordre haïtienne et onusienne". "La façon dont les événements se sont déroulés porte à croire que ces incidents ont une motivation politique, visant à créer un climat d’insécurité à la veille des élections", a ajouté la Minustah. Des élections présidentielle et législatives sont prévues le 28 novembre prochain.
Fin octobre, un centre de traitement du choléra de Médecins sans Frontières à Saint-Marc (centre) avait été attaqué par des manifestants qui redoutaient une propagation de l'épidémie. Aucun blessé grave n'avait été déploré.
Le ministère de la Santé haïtien a indiqué mardi que l'épidémie de choléra avait fait jusqu'à présent 1.034 morts, soit 117 de plus que le dernier bilan fourni dimanche. Le ministère haïtien a dénombré aussi 16.799 hospitalisations depuis le début de l'épidémie, soit 2.157 de plus que lors du dernier bilan. Il a aussi fait état de 38 décès à Port-au-Prince, contre 27 précédemment.
Les mauvaises conditions d'hygiène dans les camps de réfugiés du séisme du 12 janvier font craindre une progression rapide du choléra, maladie hautement contagieuse, dans le pays le plus pauvre des Amériques.