Calendrier limité à trois jours, vingt défilés seulement et des petites enseignes qui s'abstiennent... La haute couture n'est pas épargnée par la crise économique. Mais récession ou pas, les grandes maisons ne manqueront pas à l'appel.
AFP - La haute couture réduit la voilure pour présenter, à partir de lundi, sa vision du printemps-été 2009 : calendrier limité à trois jours au lieu de quatre, moins de défilés et davantage de petites maisons qui passent leur tour, crise oblige.
"On avait 23 défilés la dernière fois", en juillet, "il n'y en a que 20" cette saison, admet le président de la Fédération française de la couture, Didier Grumbach. Trois présentations sur rendez-vous portent à 23 le nombre total de collections qui seront présentées, contre 27 la saison passée.
Comme en juillet, une quinzaine de créateurs proposent de découvrir leur travail en marge du calendrier.
Aucun grand nom ne manque à l'appel. Comme chaque saison, Dior, Chanel, Christian Lacroix, Givenchy, Jean Paul Gaultier, Valentino ont répondu présents. Mais plusieurs petites maisons ont préféré ne pas dépenser des dizaines ou centaines de milliers d'euros pour un défilé, dans un contexte de crise économique.
"C'est nous qui leur disons +ne vous forcez pas à défiler pendant une saison où c'est lourd pour vous+", indique M. Grumbach à l'AFP. "C'est une période sensible, il faut être très attentif", ajoute-t-il.
Ainsi la maison Anne Valérie Hash a préféré s'abstenir de défiler "pour faire des économies". "Ce serait inconscient de défiler alors que ma préoccupation est de maintenir les salaires des salariés", explique la styliste. On pourra malgré tout apprécier son travail dans des vitrines mises à sa disposition par le ministère de la Culture au Palais-Royal. Un mini-défilé présentant juste quelques modèles doit se tenir mercredi.
D'autres petites maisons comme Maurizio Galante, Jean-Paul Knott, Marc Le Bihan ou Boudicca ont également renoncé à montrer une collection, sans cependant toujours invoquer des raisons économiques.
Ainsi le duo de stylistes londoniens Zowie Broach et Brian Kirkby de la griffe britannique Boudicca affirme que "la haute couture n'existe pas uniquement dans le cadre d'un défilé". Il "a travaillé sur une série de rêves en papier" qu'il présentera sur internet.
L'ère des défilés modestes ?
D'autres, comme Franck Sorbier, ont prévu un défilé "modeste" et se sont efforcés de minimiser les coûts, par exemple "en commandant le strict minimum en tissu". La saison passée, il avait dû se contenter de montrer sa collection sur internet, en raison de difficultés financières de dernière minute. Seuls deux modèles avaient pu être réalisés.
Parmi les grandes maisons, Chanel ne reçoit pas au Grand Palais comme ces dernières saisons, mais dans une salle proche de son siège historique, rue Cambon (Ie), non pour raisons budgétaires mais parce que le Grand Palais n'était pas libre, affirme la griffe.
Le défilé se tiendra dans un contexte de "mesures de prudence" décidées par la maison en raison de la crise: limitation des frais de déplacements et de représentation, des séminaires, du recours aux CDD et à l'intérim, arrêt de la tournée mondiale du Mobile Art (galerie d'art mobile).
Les autres grandes maisons ont préféré garder le silence, se contentant généralement d'indiquer qu'elles restent vigilantes.
Aucun nouveau nom ne figure à l'affiche. Les défilés seront cependant l'occasion de découvrir le travail des deux nouveaux stylistes de Valentino, Maria Grazia Chiuri et Pier Paolo Piccioli. Le duo, qui a travaillé plus de 10 ans aux côtés du fondateur de la griffe Valentino Garavani, a remplacé Alessandra Facchinetti, brutalement congédiée en octobre, un an seulement après sa nomination.