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À Barcelone, le pape consacre la Sagrada Familia et dénonce l'anticléricalisme

En consacrant la Sagrada Familia, église conçue par l'architecte Gaudi, Benoît XVI défend les valeurs de la "Sainte Famille", et critique implicitement de récentes lois espagnoles autorisant le mariage homosexuel et l'avortement.

AFP - Le pape Benoît XVI a consacré dimanche la basilique de la Sagrada Familia à Barcelone, le chef d'oeuvre de Gaudi, symbole des valeurs traditionnelles de la famille catholique qu'il devait défendre lors de la deuxième journée de son voyage en Espagne.

128 ans après la pose de la première pierre en 1882, l'immense église, toujours en chantier, qui domine Barcelone de ses huit clochers, est devenue une basilique où pourra être célébrée l'Eucharistie.

Lors de ces "rites initiaux" organisés juste avant la messe, les représentants locaux de l'Eglise ont présenté au pape l'eau qu'il devait bénir.

Puis Benoît XVI a aspergé de cette eau bénite l'autel de l'église, tandis que d'autres religieux ont fait de même sur les murs de la basilique. La messe proprement dite a ensuite pu commencer.

A l'extérieur, les fidèles pouvaient suivre la cérémonie en direct depuis les écrans géants installés pour l'occasion, disposés un peu partout dans la capitale catalane.

La pape, qui a passé la nuit à l'archevêché de Barcelone, avait fait le déplacement en "papamobile" depuis la place de la cathédrale, dans la vieille ville, jusqu'à la Sagrada Familia, où il a été accueilli par le roi d'Espagne Juan Carlos et la reine Sofia.

Pro et anti-pape

Au passage de son véhicule, parmi la foule des fidèles, quelque 200 homosexuels, hommes et femmes, se sont embrassés, en criant "va-t-en!", ou "pédophile!", entendant ainsi protester face à l'opposition de l'Eglise au mariage homosexuel et aussi à son attitude dans les scandales de prêtres pédophiles.

Sergi Diaz, qui a participé à cette séance de "baisers homosexuels", explique être "ici pour manifester contre la visite du pape" et "lancer un appel à un changement de mentalité dans l'enseignement catholique qui garde une attitude opposée à nos droits et aux différentes manières d'aimer".

Ce groupe opposé à la visite du pape s'est retrouvé face à face avec les supporteurs du pape.

Parmi ces derniers, Soraya Santamaria, 36 ans, s'exclamait après le passage de la "papamobile": "Quel moment d'émotion. Je l'ai vu saluer! Ce n'est pas tous les jours qu'on voit le pape en personne".

"Il fallait que je vienne, je ne pouvais pas rester à la maison. J'ai beaucoup de foi", expliquait de son côté Solange Abreu, Brésilienne de 41 ans qui vit à Barcelone.

Lors d'une première étape samedi à Saint-Jacques de Compostelle, où il avait dénoncé les dangers d'un anti-cléricalisme "agressif", Benoît XVI avait souligné à propos de la Sagrada Familia, dédiée à la "Sainte Famille", que "le problème de la famille, cellule fondamentale de la société, est un grand enjeu d'aujourd'hui".

L'Espagne, un pays traditionnellement catholique mais où la religion est en recul, a adopté depuis cinq ans une série de lois, légalisant le mariage homosexuel et libéralisant l'avortement notamment, ce qui a provoqué les foudres de l'Eglise.

Benoît XVI avait aussi salué "la foi" d'Antoni Gaudi, qui, a-t-il dit, a entrepris "avec la ferveur et la collaboration de beaucoup cette merveille qu'est l'église de la Sagrada Familia".

L'architecte "a su s'insérer dans la tradition des grandes cathédrales avec une créativité nouvelle", avait-il dit.