Au lendemain de la signature, à Paris, de nombreux contrats avec des entreprises françaises, les présidents chinois et français, Hu Jintao et Nicolas Sarkozy, affichent leur nouvelle amitié à Nice, à quelques jours de l’ouverture du G20.
C’est sous le soleil de la Côte d’Azur que Nicolas Sarkozy et Hu Jintao ont choisi d’afficher le réchauffement diplomatique franco-chinois. Après une journée passée à Paris, ponctuée par la signature de juteux contrats, le président chinois et son épouse sont descendus, ce vendredi, dans un luxueux palace niçois.
Depuis jeudi, le couple présidentiel est reçu en grande pompe par les autorités françaises, qui veulent définitivement tourner la page des incompréhensions survenues en 2008 après le passage tumultueux de la flamme olympique à Paris et la rencontre entre Nicolas Sarkozy et le dalaï-lama.
Le faste de cette visite d’État doit sceller la réconciliation franco-chinoise, amorcée au mois d'avril dernier par la tournée en Chine de Nicolas Sarkozy. Cette stratégie semble porter ses fruits : les médias officiels chinois ont largement relayé les honneurs avec lesquels ont été reçus Hu Jintao et sa femme Liu Yongqing.
"D'égal à égal avec la France"
"C’est plus qu’un réchauffement. Le président chinois, qui s’exprime peu et pèse chacun de ses mots, a indiqué qu’il voulait un partenariat 'd’égal à égal' avec la France", explique Pierre Picard, spécialiste de la Chine et auteur de l'ouvrage "L'Empire chinois".
Selon lui, la France a toujours été considérée par Pékin comme "une vieille et grande nation" et jouit d’"une excellente image en Chine", malgré les récentes polémiques. "Cette visite permet à Paris de repartir sur de bonnes bases avec un pays qui va devenir la première puissance économique dans neuf ou dix ans et qui a tout intérêt à diversifier ses relations diplomatiques", analyse-t-il.
Le président chinois est d’autant plus choyé qu’aucun sujet embarrassant ne devrait être abordé durant sa visite. Les manifestants des droits de l’Homme sont tenus à l’écart des cortèges officiels et aucune conférence de presse n’a été programmée. Côté français, on veut éviter de froisser ce nouvel ami. Nicolas Sarkozy s’est ainsi gardé de commenter la récente attribution du prix Nobel de la paix au dissident chinois Liu Xiaobo, perçue comme un affront par Pékin.
"Les Chinois sont extrêmement sensibles à tout ce qui touche à leur souveraineté nationale, ils sont donc très charitables quand un pays ne fourre pas le nez dans leurs affaires. C’est un point primordial pour eux, bien plus important que la signature de contrats commerciaux", analyse Stéphane Marchand, rédacteur en chef de "Paris Tech Review" et chroniqueur sur France 24.
Le G20 en ligne de mire
En contrepartie de cette discrétion sur les sujets qui fâchent, le président chinois a offert à Nicolas Sarkozy un appui de taille. Il a ainsi assuré à son hôte, lors de l'unique prise de parole de sa visite, qu'il œuvrerait au succès de la présidence française du G20, qui débute le 12 novembre.
À l'occasion des nouveaux entretiens qu'il a eu ce vendredi avec Nicolas Sarkozy, Hu Jintao a par ailleurs affirmé partager l'analyse française d'une nécessaire réforme du système monétaire international destiné à mettre de l'ordre dans les fluctuations des grandes monnaies. "Il y a une vraie convergence de vue entre la Chine et la France, à la fois sur les objectifs à atteindre et sur la voie, les modalités et l'atmosphère qui doivent exister pour (mener à bien) cette réforme", a ainsi déclaré un reponsable de la présidence française, en marge de la rencontre des deux présidents.
Un geste censé garantir un partenariat durable entre les deux pays, "car malgré sa toute puissance, la Chine est en fin de compte comme tout le monde, elle a besoin d’alliés", précise Stéphane Marchand.
Cette ère de coopération nouvelle était déjà perceptible lors du sommet Union européenne-Asie, les 4 et 5 octobre derniers, quand l'Europe avait accentué sa pression sur Pékin pour une réévaluation du yuan. Nicolas Sarkozy s'était alors efforcé de calmer le jeu avec les Chinois.
"La Chine sent monter sur elle la pression de la guerre des monnaies. La France a un rôle de médiateur à jouer dans cette querelle avec les États-Unis et l’Europe", assure Stéphane Marchand. Un rôle dont les deux dirigeants vont pouvoir s’entretenir ce soir, autour d’un bon repas, dans le cadre feutré d’un des plus célèbres restaurants de Nice.