
La première réunion du département d'État a abouti à la nomination des émissaires George Mitchell (à g.) et Richard Holbrooke. Le premier sera chargé du Proche-Orient, le second de l'Afghanistan et du Pakistan.
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AFP - La secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, a confié jeudi à deux négociateurs chevronnés, George Mitchell et Richard Holbrooke, deux des dossiers les plus complexes de la diplomatie américaine, le Proche-Orient et l'Afghanistan.
Artisan de la paix en Irlande du Nord, George Mitchell, 75 ans, est nommé "envoyé spécial pour la paix au Proche-Orient", a indiqué le nouveau chef de la diplomatie américaine au cours d'une brève allocution en présence du président Barack Obama et du vice-président Joe Biden.
M. Mitchell ira "dans la région dès que possible pour aider les parties en présence à garantir que le cessez-le-feu qui a été obtenu devienne durable et viable", a indiqué M. Obama, venu au département d'Etat pour montrer l'importance qu'il accorde à la diplomatie et son unité de vues avec Mme Clinton, son ancienne --et coriace-- adversaire pendant la campagne électorale.
"Je m'engage à déployer tous les efforts pour chercher à parvenir à la paix et à la stabilité au Proche-Orient", a déclaré M. Mitchell en acceptant sa nomination.
"Les conflits insolubles n'existent pas", a affirmé cet ancien membre de la commission des Affaires étrangères du Sénat. "Les conflits sont créés, menés et continués par des êtres humains. Ils peuvent être achevés par des êtres humains".
Artisan de l'accord de paix de Dayton qui a mis fin en 1995 à une guerre interethnique dans l'ex-Yougoslavie, Richard Holbrooke, 68 ans, est nommé "représentant spécial pour l'Afghanistan et le Pakistan", a indiqué Mme Clinton.
M. Holbrooke "coordonnera" son action avec l'ensemble du gouvernement américain, pas seulement le département d'Etat et l'agence de développement international USAID, mais aussi le Pentagone et la Maison Blanche, a précisé Mme Clinton.
Malgré ces larges prérogatives qui paraissent lui donner un rôle de "super-émissaire", M. Holbrooke, connu pour son tempérament explosif et son ambition, a tenu à préciser qu'il répondrait de sa mission devant Mme Clinton, qu'il a appelée "mon chef immédiat" en acceptant cette mission qu'il a qualifiée d'"intimidante".
Dans un récent article publié par la très respectée revue spécialisée Foreign Affairs, M. Holbrooke s'était prononcé pour des "accords régionaux" afin de résoudre le problème afghan.
"L'avenir de l'Afghanistan ne pourra pas être assuré par une simple lutte armée contre l'insurrection: il faudra des accords régionaux qui donnent aux voisins de l'Afghanistan un intérêt à parvenir à un règlement", écrivait "le Kissinger des Balkans".
"Cela comprend l'Iran, ainsi que la Chine, l'Inde et la Russie", ajoutait M. Holbrooke. "Mais le voisin le plus important est bien entendu le Pakistan, qui peut déstabiliser l'Afghanistan à volonté et l'a déjà fait", ajoutait-il.
"Il est absolument indispensable que la prochaine administration redresse notre politique à l'égard d'Islamabad, et ce sera très difficile", concluait-il.