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Militaire privé : la France s’engage !

Souvent assimilés à des mercenaires, les agents de sociétés militaires privées (SMP) sont de plus en plus nombreux. Le Journal de l’Intelligence économique vous emmène en République Tchèque, suivre une formation de « contractors » organisée par la SMP française SECOPEX.

Hervé, Saïd, Cyril… tous souhaitent se former au métier de contractors. Objectif : se qualifier pour réaliser des missions de protection rapprochée et de sécurité en zone déstabilisée. Au programme, 120 heures de stage, réparties sur trois semaines. C’est au sein de la société française SECOPEX que ces hommes ont décidé de faire leur apprentissage. Créée en 2003 par Pierre Marziali à Carcassone (Languedoc-Roussillon), SECOPEX a ouvert pour la première fois ses portes à des caméras de télévision.

Qui sont ces futurs contractors ? 90% des agents de SECOPEX sont d’anciens militaires. Et du côté des stagiaires, on retrouve les mêmes proportions. Saïd a été pendant cinq ans sous-officier de l’armée de terre. Originaire de Haute Provence et à tout juste 31 ans, Saïd est aujourd’hui chef d’entreprise, à la tête d’une boulangerie. L’esprit de camaraderie des rangs militaires lui manque, mais il préfère le métier de contractor, plus concret selon lui, que celui de soldat : « Des fois, on baigne dans l'absurde lorsqu'on est à l'armée. Là, vu qu'il y a un intérêt économique à la fin, il y a un but certain c'est d'aller chercher quelqu'un qui a payé un service pour aller le chercher. Donc il doit y avoir un retour logique sur un investissement économique de base. Là oui, ça devient un peu plus cohérent. »

Hervé, 41 ans, est originaire de Toulouse. C’est le plus expérimenté des stagiaires. Il a été pendant onze ans parachutiste-militaire. Il a ensuite enchaîné les petits jobs (chauffeur, livreur…) avant de suivre un stage d’agent de protection rapprochée. Il a déjà été envoyé par les Etats-Unis en Irak en tant que contractor, pendant un mois. La formation de SECOPEX lui offre une remise à niveau et lui permet, à nouveau, de manipuler les armes. Il ne cache pas non plus, qu’être contractor apporte des avantages… financiers : « C'est mieux payé. »

Cyril est un peu l’exception : il n’a jamais été militaire. Il est informaticien et électricien. Il a également une licence de tir depuis plus de deux ans. Ce stage réunit ses deux passions : les armes et les voyages. « Le métier de contractor c'est un métier qui permet d'être très mobile partout dans le monde, c'est un métier d'arme », dit-il. Un de ses collègue se demande d’ailleurs si ce manque d’expérience de terrain, n’est pas dangereux…

La privatisation de la guerre n’est pas un phénomène nouveau. Les Américains et les Britanniques ont saisi depuis longtemps l’opportunité de ce « marché de la guerre ». La présence de ces sociétés privées dans les zones de conflits est importante. En Irak, en 2007, on pouvait compter environ un agent civil privé pour un soldat. Cependant, certaines dérives ont amené l’opinion publique et les médias à assimiler ces contractors à des mercenaires. En 2007, par exemple, à Bagdad, dix-sept civils ont été tués par des agents privés de la société américaine Blackwater Worldwide, -qui s’est renommée discrètement et suite à cette affaire, Xe-. La société britannique Aegis Defense Services est également une des nombreuses SMP actives en Irak. A elle toute seule, elle regroupe 20 000 agents. Elle a reçu un mandat des Etats-Unis de 300 millions de dollars et un mandat de l’ONU en 2005, pour les élections irakiennes.

Au milieu de cette économie de la guerre, la France compte bien elle aussi avoir sa part du gâteau. La législation française semble être sur le point d’évoluer en la matière pour faciliter le recours à ses prestations privées.

Pierre Marzali, PDG de SECOPEX, reste confiant sur l’avenir des SMP françaises : « la France a réduit son budget de la défense ainsi que ses effectifs militaires. Mais les missions sont toujours de plus en plus nombreuses. » Les sociétés françaises visent notamment les contrats de sécurité de l’Union Européenne, détenus notamment pour le groupe britannique Hart Security Page Group. A voir, dans quelques années, si la France réussit ou pas à rattraper son retard et à s’imposer sur ce marché de la sécurité privée.
 

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