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À Mogadiscio, les shebab contrôlent une partie de la ville. L’Union africaine, qui soutient le gouvernement de transition, réclame plus de soldats et les troupes gouvernementales ont en grande majorité abandonné leurs positions. La situation reste précaire. Le gouvernement de transition est affaibli par des querelles internes, tandis que les civils paient le prix fort de la situation.

Les soldats s’infiltrent un à un. Ils ont creusé un trou dans le mur des bâtiments pour pouvoir circuler sans être vus. Depuis quelques semaines, c’est une nouvelle tactique utilisée pour prendre des nouvelles positions, la tactique du trou de souris. " Il y a un immeuble en face", murmure le colonel Anthony Lukwago du contingent ougandais. "Maintenant, on a réduit l’espace qui est de cent cinquante mètres... On s’approche peu à peu de l’objectif. Et ils ne verront pas quel est notre objectif. Mais quand nous irons en haut, ils verront quelque chose".

Les shebab sont à quelques dizaines de mètres. Des tirs d’AK47 retentissent. Les Ougandais se protègent derrière des sacs de sable. Les soldats somaliens, eux, se font plus rares. Pendant ce temps, un groupe tente de gagner du terrain et avance de l’autre côté. " Le principe c’est de capturer une zone, la consolider et avancer", explique le major bahoku Barigye, porte parole de l’Amisom. Sur les murs, des bâtons indiquent les positions de l’ennemi.

Bakara Market est le bastion des shebab, et la principale cible de leurs représailles. Contre les obus de mortier tirés par l’ennemi, les soldats creusent des abris dans le sol… Le sable qu’ils récupèrent va servir à remplir les sacs qui les protègent dans leurs positions les plus avancées. La clé c’est de s’emparer des immeubles les plus hauts. A Mogadiscio, le terrain se prend mètre par mètre, maison par maison. Quand on contrôle les toits, on surveille mieux l’ennemi. " Maintenant, ils sont à cent cinquante, deux cents, trois cents mètres", déclare un soldat ougandais qui pointe son fusil embusqué sur un toit. Les shebab ont leur snipers dans les immeubles d’en face et tirent à intervalle régulier. "Ce qui se passe c’est que pour réduire le stress et la fatigue, l’un est en position tandis que l’autre se repose. Comme ca, il y a tout le temps quelqu’un qui surveille”, ajoute son collègue. Une attention de tous les instants.

Ces soldats vont rester plusieurs semaines ici à camper sur des matelas de fortune. Ils peuvent circuler à l’intérieur des positions prises, mais pas de patrouilles à pied dans la ville, c’est trop dangereux. Du coup, quand ils circulent à Mogadiscio, c’est à toute vitesse dans des fourgons blindés. Et là encore, la menace est permanente. " Parce qu’il y a des mines, il y a des terroristes suicidaires. Et si ceux là viennent, on ne peut résister qu’avec des véhicules blindés", explique Prosper Hakizimana, le porte parole adjoint de l’Amisom. A tous les coins des rues, des hommes armés, souvent sans uniformes.

Si plus d’un million de personnes ont quitté Mogadiscio, ceux qui restent risquent leur vie à tout moment. Chaque jour, voit son lot d’affrontements et de représailles à coups d’obus de mortier de la part des deux camps, souvent dans des quartiers résidentiels, et les civils n’ont jamais autant payé le prix fort d’un conflit sanglant dont personne ne voit la fin.