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L'ancien numéro deux de la junte détenu pour "tentative de déstabilisation" du régime

Mis aux arrêts depuis vendredi, le colonel Abdoulaye Badié, ancien numéro deux de la junte au pouvoir au Niger, est accusé d'avoir fomenté un coup d'État. Deux autres hauts gradés sont détenus pour "tentative de déstabilisation" du régime de Niamey.

AFP - L'ex-numéro deux de la junte au pouvoir depuis février au Niger et deux autres hauts gradés étaient détenus samedi à Niamey pour "tentative de déstabilisation" du régime, à deux semaines d'un référendum constitutionnel censé amorcer la transition vers la démocratie.

Le colonel Abdoulaye Badié, ancien numéro deux de la junte, et le lieutenant-colonel Abdou Sidikou sont "arrêtés depuis hier (vendredi)", a indiqué une source sécuritaire. "Depuis quelques semaines, ils étaient surveillés et on menait des investigations sur eux", a-t-on ajouté.

Une source proche de la présidence a affirmé que le colonel Amadou Diallo, limogé vendredi de son poste de ministre de l'Equipement, a également été "arrêté ce (samedi) matin par la gendarmerie".

Les colonels Badié et Diallo, tous deux membres du Conseil suprême pour la restauration de la démocratie (CSRD, junte), et le lieutenant-colonel Sidikou, qui n'en fait plus partie, sont "détenus actuellement à la gendarmerie", a-t-on précisé. Un autre militaire est "recherché".

Les trois détenus, qui d'après leur entourage sont très proches, "sont accusés de tentative de déstabilisation du régime, un projet qu'ils concoctaient depuis trois mois aux fins de prolonger la transition" en cours, a affirmé la même source, évoquant des divergences anciennes au sein de la junte sur le terme de ce régime d'exception.

Un référendum constitutionnel doit se tenir le 31 octobre avant une présidentielle le 31 janvier 2011 en vue de clore la transition et rétablir un régime civil en avril.

Le "projet" des trois officiers "devait aller jusqu'à éliminer" le chef de la junte, le général Salou Djibo, qui doit s'exprimer la semaine prochaine pour "calmer les esprits", a soutenu ce proche.

Des rumeurs de préparation de coup d'Etat circulaient ces dernières semaines à Niamey, où la présence des forces militaires était plus sensible depuis quelques jours.

Un proche du colonel Badié a dénoncé "un complot" monté contre lui "par des membres de l'entourage du général Djibo".

Les fortes dissensions au sein de la junte étaient apparues au grand jour le 8 octobre avec le limogeage du colonel Diallo de son poste de commissaire du gouvernement (procureur) près le Tribunal militaire.

Le même jour, le lieutenant-colonel Sidikou avait été démis de ses fonctions de haut commandant de la Garde nationale (ex-Garde républicaine).

Renforçant l'incertitude sur le processus de transition, la Commission électorale nationale indépendante (Céni) a tiré samedi la sonnette d'alarme au sujet de problèmes de financement.

"Si rien n'est fait pour mettre à la disposition de la Céni les moyens nécessaires pour son fonctionnement, nous courons le risque d'un report inévitable du référendum du 31 octobre", a indiqué devant la presse son président, Ghousmane Abdourahmane.

Le manque de moyens retarde la distribution des cartes d'électeur et la mise en place du matériel électoral (urnes, bulletins, listes), a-t-il indiqué, mettant en cause la complexité des procédures de décaissement du Programme des Nations unies pour le développement (Pnud).

La communauté internationale doit consacrer environ 41 millions de dollars US pour financer le processus électoral au Niger.

La junte militaire a accédé au pouvoir après le coup d'Etat de février contre le président Mamadou Tandja (1999-2010), qui avait créé une grave crise en changeant en août 2009 la Constitution pour pouvoir se maintenir au pouvoir au terme de son second mandat.

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