logo

Le premier sex-shop du golfe Persique ouvre ses portes au Bahreïn

Dessous affriolants, anneaux vibrants… Les produits que vend Khadija Ahmad dans sa boutique de Manama, la capitale du Bahreïn, ne passent pas inaperçus. Visite guidée du premier commerce de ce genre dans le monde arabo-musulman.

Crèmes, dessous affriolants, sex-toys et autres objets bien trop récents pour que les dictionnaires arabes leur aient prévu une quelconque définition, voilà un échantillon de ce que l’on peut se procurer à la Maison de Khadija, une petite boutique de Manama, la capitale du Bahreïn. Toujours vêtue d’une longue abaya (vêtement traditionnel musulman) et d’un voile noir, la directrice de l’établissement, Khadija Ahmad, est désormais célèbre dans le monde arabe pour être la première femme à avoir ouvert un sex-shop dans ce petit royaume voisin de l’Arabie saoudite.

C’est après avoir développé sur Internet son commerce d’abayas et de lingerie féminine que Khadija Ahmad a décidé d’ouvrir sa boutique, véritable caverne d’Ali Baba de l’érotisme. Sur les étagères du magasin se trouve toute une gamme de produits destinés à pimenter les ébats sexuels, "des dessous sexys à l’anneau vibrant en passant par l’appareil de massage spécial zones érogènes, énumère Khadija Ahmad à France24.com. On vend également diverses crèmes et autres lubrifiants ludiques ou encore des bandeaux pour les yeux et des menottes. Nous avons également des meubles, des chaises ou des coussins, conçus spécialement pour certaines positions."

"On ne vend pas du sexe à la Maison de Khadija"

Connu pour sa relative permissivité, notamment en matière de vente d’alcool, le royaume accueille tous les week-ends des Saoudiens et des habitants du golfe Persique venus profiter de la vie nocturne. Ces derniers temps, cependant, le Bahreïn fait face à une radicalisation religieuse qui empêche Khadija d’exercer son activité en toute sérénité. La commerçante doit systématiquement se faire accompagner par son mari ou par son frère lorsqu’elle livre des paquets que les clients refusent de venir chercher en personne à la boutique.

Pourtant, selon sa propriétaire, la Maison de Khadija n’est pas "un endroit où l’on peut acheter du sexe comme cela peut être le cas en Occident. Je ne vends pas des choses contraires à la charia islamique. Et plusieurs religieux du pays me l’ont confirmé, se défend-elle. Rien, en effet, n’empêche le plaisir entre les époux, et ce qu’ils utilisent pour cela est halal. L’islam autorise le plaisir sexuel sous toutes ses formes si c’est dans le cadre du mariage."

Il n’en reste pas moins que Khadija s’attire souvent les foudres des garants des bonnes mœurs et fait l’objet de poursuites judiciaires. Hypocrisie des sociétés arabes et musulmanes, se désole l’intéressée. "Beaucoup d’entre eux entretiennent des relations sexuelles illicites et tentent d’imiter les films pornographiques venus d’Occident, dénonce-t-elle. C’est malsain car ils n’ont pas une culture du sexe équilibrée." En dépit de tous ces obstacles, Khadija Ahmad ambitionne d’ouvrir d’autres boutiques similaires à Dubaï, Beyrouth et Amman.