C’est l’un des films les plus attendus de l’année, “The Social Network” sort mercredi dans les salles de l’Hexagone. Son réalisateur, David Fincher, livre un portrait passionnant du controversé créateur de Facebook, Mark Zuckerberg.
C’est un film qui devrait réjouir à la fois les cinéphiles et les mordus d’Internet. "The social network" de David Fincher, qui sort mercredi prochain en France, retrace la création puis le développement du réseau social Facebook. Il relate le parcours de Mark Zuckerberg, le controversé et richissime créateur du réseau social le plus populaire au monde.
Intelligent et bien cadencé, le film revient sur la création du site et les rivalités engendrées par l’immense succès de celui-ci. Son réalisateur, David Fincher, se garde bien d’accuser ou de prendre la défense de Zuckerberg, qui a été poursuivi en justice par plusieurs de ses anciens camarades de l’université Harvard lui reprochant de leur avoir volé leur idée.
L'étrange histoire de Benjamin Button (2008)
Zodiac (2007)
Panic Room (2002)
Fight Club (1999)
The Game (1997)
Seven (1995)
Alien 3 (1992)
S’appuyant sur les faits reconnus, le film ne s’apparente pas à un "biopic" classique, mais plus à un thriller autour de la genèse du réseau social. Tout au long du récit, se dessine la personnalité d’un jeune homme décidé mais ambigu, ni héros ni escroc, simplement un homme torturé par sa timidité et ses rêves de grandeur. Contrairement à ce qu’il redoutait, le film n’est d'ailleurs pas à charge contre lui. Et pourtant, Zuckerberg s'est lancé dans une campagne de communication ces derniers jours, multipliant les interventions, dont un passage remarqué dans l’un des programmes phares de la télévision américaine "The Oprah Winfrey Show" afin d'apparaître sous son meilleur jour. Une initiative qui est apparue finalement superflue.
Créateur ou destructeur ?
Si le Mark Zuckerberg du "Social Network", interprété par Jesse Eisenberg, n’est pas un jeune loup assoiffé de pouvoir et d’argent comme certains s’y attendaient, c’est que le réalisateur, David Fincher et le scénariste, Aaron Sorkin, ont des points de vue différents sur le jeune homme. Au cours de la campagne de promotion du film, Fincher a reconnu s’être identifié à son héros qui, tout comme lui, est un "créateur". "Ce qu’a entrepris Mark ressemble au travail d’un réalisateur" a-t-il affirmé lors d’une interview, "notre travail c’est de développer et de prendre soin de ce que nous créons… et si nous devons blesser des gens pour protéger notre création, nous devons en passer par là".
De son côté, Sorkin voit en Zuckerberg "pas simplement un créateur mais aussi un destructeur", faisant notamment référence à ses anciens camarades qui ont entrepris des actions en justice contre lui. Le scénariste égratigne aussi le site lui-même, censé rapprocher les gens mais "qui a fait le contraire", selon lui.
C’est cette double approche de la personnalité de Zuckerberg qui donne sa consistance au film, sans cela, il se résumerait finalement à une histoire de réussite à l’américaine comme on en voit souvent : une ambition démesurée, un succès immense et les contreparties qui vont avec.
Le film tout entier repose sur la confrontation de ces deux visions. La scène d’ouverture, volontairement comique, reflète cette dualité. Alors âgé de 19 ans, le jeune Zuckerberg se fait rejeter par sa petite amie. Après avoir vainement tenté de se réconcilier avec elle, il finit par se réfugier dans sa chambre, à Harvard, où dans un éclair de génie et de furie, il crée un site qui deviendra plus tard le trombinoscope le plus célèbre au monde.
Derrière l’ironie de cette anecdote émerge la personnalité du jeune homme, maladroit dans ses relations humaines mais qui va pourtant permettre à toute une génération d’inventer une nouvelle façon de communiquer.
Welcome to Harvard
Dans ses précédents films ("Seven", "Fight Club", "Zodiac"), Fincher avait créé des univers sombres et cauchemardesques. En comparaison, "The social network" paraît plus léger et moins noir, même si l’université d’Harvard y est présentée comme un microcosme lugubre peuplé de jeunes avides de pouvoir et d’argent.
Le rythme, très soutenu, est en phase avec le développement éclair de Facebook. Même si on voudrait par moment que la caméra ralentisse pour prendre la mesure du sujet, on comprend pourquoi Fincher ne freine jamais : loin de faire le récit d’un événement passé, il nous suggère que la révolution Facebook est encore loin d’être terminée.