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En difficulté, Berlusconi cherche à obtenir la confiance du Parlement

Au risque de faire chuter son gouvernement, le président du Conseil italien doit soumettre le Parlement à un vote de confiance. L'occasion pour le "Cavaliere" de compter ses troupes après l'entrée en dissidence de plusieurs membres de la majorité.

AFP - Le chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi a décidé par surprise de poser mercredi la question de confiance à la Chambre des députés pour vérifier s'il dispose d'une majorité suffisante pour gouverner jusqu'en 2013 après la défection de dissidents menés par Gianfranco Fini.

"Nous poserons la question de confiance", a déclaré à la presse Elio Vito, ministre des relations avec le Parlement, en quittant une réunion du Peuple de la liberté (PDL), le parti de Silvio Berlusconi, devant préparer l'intervention du Cavaliere à la Chambre des députés.

Silvio Berlusconi qui fêtera mercredi ses 74 ans, a ainsi pris à contre-pied les médias italiens qui affirmaient qu'il ne poserait pas la question de confiance. Il fait aussi un pari un peu risqué car son gouvernement chuterait automatiquement en cas d'échec du vote.

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Explications de notre correspondant Sonia Logre-Grezzi

Le porte-parole de M. Berlusconi, Paolo Bonaiuti, a confirmé cette décision, en annonçant dans un communiqué la tenue "demain (mercredi) matin d'un conseil des ministres pour poser la question de confiance".

"Poser la question de confiance est un geste d'extrême clarté du président du Conseil à l'égard du Parlement et du pays", a estimé Osvaldo Napoli, vice-président du groupe PDL à la Chambre.

Berlusconi avait annoncé en août qu'il poserait la question de confiance pour vérifier la solidité de sa majorité, après le départ le 30 juillet de Gianfranco Fini du PDL qu'ils avaient cofondé il y a un an, mais ces derniers jours, les proches du Cavaliere avaient entretenu le doute, parlant du vote d'une résolution ou d'un ordre du jour.

Dans sa rébellion intervenue après 16 ans d'alliance avec Berlusconi, M. Fini, président de la Chambre des députés, avait été suivi par 34 députés et 10 sénateurs, privant son ex-allié d'une majorité absolue garantie (de 316 sièges) à la Chambre. M. Fini reprochait depuis des semaines à Berlusconi de faire adopter des lois uniquement destinées à lui éviter des ennuis judiciaires, le Cavaliere s'irritant pour sa part de l'autonomie et des prises de distance de son allié.

Dans son discours, Berlusconi devrait développer un programme en cinq points à mettre en oeuvre dans la deuxième partie de son mandat: la fiscalité, la justice, le Sud défavorisé, la sécurité et le fédéralisme.

Au vu des déclarations des derniers jours, il est très probable qu'il obtiendra la confiance des députés, M. Fini et ses partisans ayant annoncé leur intention de soutenir la majorité au pouvoir.

"Comme M. Fini l'a déjà annoncé, ni lui, ni ses partisans n'ont l'intention ni intérêt à aller jusqu'à la rupture (totale, ndlr) avec Berlusconi et à des élections anticipées", a déclaré à l'AFP Marco Tarchi, professeur de sciences politiques de l'Université de Florence.

Berlusconi prononcera "un discours de haut niveau, programmatique, sans provocation", a indiqué le chef de la diplomatie Franco Frattini, un proche du Cavaliere, en se disant convaincu que les "finiens" le voteront.

Selon les médias italiens, le Cavaliere a déjà assuré ses arrières et au moins sept députés centristes auraient quitté leur camp (partis UDC et API) et décidé d'offrir leur soutien à la majorité au pouvoir.

La principale force de gauche, le Parti démocrate, a accusé Berlusconi d'avoir littéralement "corrompu" certains députés en leur promettant des postes clés en échange de leur appui.

"Je me demande quelle valeur peut avoir le feu vert demain de la Chambre à Berlusconi alors que les Italiens savent qu'une partie des voix sont le fruit indécent d'une campagne d'acquisition en espèces sonnantes et trébuchantes", a dénoncé Anna Finocchiaro, chef de file des sénateurs PD.