logo

Les Verts s'estiment "floués" après l'adoption de l’accord Chirac-Delanoë

Le Conseil de Paris a voté pour l’accord passé entre Chirac et l’UMP, les deux parties s’engageant à verser 2,2 millions d'euros à la ville afin qu’elle retire sa plainte contre l'ex-président. Une élue des Vers dénonce un "arrangement entre amis".

C’est un consensus assez inhabituel qui s'est dégagé ce lundi au Conseil de Paris. Issus des deux côtés de l’échiquier politique, 147 conseillers ont approuvé l’arrangement passé entre Jacques Chirac et le maire de la capitale, Bertrand Delanoë, dans l’affaire des chargés de mission de la Ville de Paris. Seuls 13 conseillers, des Verts principalement, ont voté contre.

Selon l'accord, l’UMP et l’ex-président de la République s’engagent à verser 2,2 millions d’euros à la municipalité. En échange, cette dernière retire sa plainte dans "l’affaire des emplois (présumés) fictifs" de la Mairie de Paris - pour laquelle est poursuivi Jacques Chirac en raison de son implication supposée, entre 1992 et 1995, lorsqu’il était maire de la capitale.

Sans partie civile, l’audience devrait selon toute vraisemblance être favorable à l’ancien chef de l’État, le procureur ayant déjà requis un non-lieu à la fin de l'instruction et annoncé qu’il demandera sa relaxe au procès.

"La page est tournée, mais elle est mal tournée"

Contactée par France24.com, l’un des 13 conseillers ayant voté contre ce "protocole" regrette que l'actuel maire de Paris et la majorité municipale ne soient pas allés "jusqu’au bout" de la procédure judiciaire. "La page est tournée, mais elle est mal tournée", déplore Véronique Dubarry, une élue (Vert) du Xe arrondissement. Elle qui s’est engagée en politique "pour mettre un terme aux pratiques mises en place par la droite à Paris" assure qu'elle se sent de nouveau "flouée en tant que citoyenne".

Bertrand Delanoë s’est pour sa part félicité de l’adoption de l’accord passé avec Jacques Chirac et l’UMP, au motif que le procès se tiendra malgré le retrait de la plainte. "Comme tout justiciable, il y a une personne mise en cause par la justice qui propose de réparer. Elle répare, la victime retire sa plainte et le procès a lieu après que la victime ait retiré sa plainte", a lancé le maire de Paris aux journalistes, peu après le vote.

Pour le président du groupe UMP au conseil de Paris, Jean-François Lamour, il fallait voter ce protocole d’indemnisation pour en finir avec une "volonté de vengeance politique".

Une "question d'éthique"

Après douze ans d'immunité pénale due à la fonction présidentielle, Jacques Chirac avait été renvoyé en correctionnelle, en octobre 2009, pour "détournement de fonds publics" en ce qui concerne 21 emplois présumés fictifs "rémunérés" lors de ses mandats de maire de la capitale.

Établis au terme de longues négociations entre les deux camps, les 2,2 millions d'euros de l’accord correspondent à la somme qu’aurait déboursée la Ville pour employer les 21 personnes soupçonnées d’avoir occupé un emploi fictif.

"La question ne porte pas seulement sur les 2,2 millions d’euros, c’est l’ensemble d’un système qui est en accusation", précise Véronique Dubarry. "Dans le climat politique délétère qui règne en France, c’est un très mauvais message envoyé aux citoyens, ces derniers ayant l’impression que l'on assiste à un petit arrangement entre amis."

Début septembre, le bureau politique de l'UMP a accepté de débourser 1,7 million d'euros sur les 2,2 millions dus à la mairie de Paris, le reste (500 000 euros donc) étant à la charge de l’ancien président de la République.

"Les arguments en faveur de l’accord sont d'ordre juridico-administratif : nous y opposons des arguments éthiques", plaide Véronique Dubarry. Consciente que l’image de la politique en France est "écornée en ce moment ", elle glisse : "J’aurais préféré que Paris ne participe pas à cela."