Le Mouvement pour l'émancipation du delta du Niger (Mend), principal groupe armé du sud du pays, indique avoir localisé les trois Français capturés en mer, près d'une installation pétrolière. Paris privilégie la piste d'un acte de piraterie.
Le principal groupe armé du sud du Nigeria, le Mouvement pour l'émancipation du delta du Niger (Mend), a affirmé jeudi avoir localisé les trois Français pris en otage dans la nuit de mardi à mercredi, ainsi qu'une autre personne enlevée indépendamment. Dans un communiqué, le groupe indique également être "en pourparlers avec les ravisseurs, pour qu'ils remettent les quatre hommes aux mains du Mend".
itTrois salariés de la société de services maritimes Bourbon, membres d'équipage d'un bateau opérant à proximité du champ pétrolier d'Addax, au large du Nigeria, ont été enlevés lors d'un assaut mené par des hommes agissant à bord d'embarcations rapides. Un Thaïlandais aurait également été kidnappé lors de cette attaque.
Acte de piraterie
L'identité des ravisseurs demeure inconnue et aucune revendication n'a pour l'instant été formulée. Jomo Gbono, porte-parole du Mend, assure que le groupe donnera "des détails sur l'état de santé" des otages et "la durée de leur séjour parmi eux" une fois qu'ils seront entre leurs mains.
"Il existe plusieurs mouvements rebelles dans le Delta qui sont en quelque sorte fédérés par le Mend, qui contrôle la région, précise Ali Kabré, correspondant de France 24 à Lagos. Quels que soient les ravisseurs, ils vont négocier avec le Mend. Par le passé, ce mouvement a pu obtenir la libération d'otages."
A la différence de la prise d'otage de cinq employés d'Areva par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) il y a une semaine au Niger, Paris privilégie dans le cas du Nigeria la piste d'un acte de piraterie. "Tout nous laisse penser que nous sommes dans le cadre d'un acte de piraterie classique", a affirmé le ministre français de la Défense, Hervé Morin, sur FRANCE 24.
"Il y avait 16 personnes sur le navire, mais seuls les Français ont été enlevés parce qu'ils étaient expatriés, explique Susan Njanji-Matetakufa, correspondante de l'AFP à Lagos. Les autres membres de l'équipage étaient certainement nigérians. Les étrangers sont la cible d'attaques parce qu'ils ont de l'argent. Le motif des kidnappings dans la région est en général d'obtenir une rançon."
Manne pétrolière
Les personnes à l'origine de ces enlèvements sont "des villageois de la région, qui ne bénéficient pas des retombées des exploitations pétrolières du coin", confirme Antoine Glaser, rédacteur en chef de "La lettre du continent". "Ce n'est pas politique. Les ravisseurs veulent seulement des rançons, et d'ailleurs, les otages sont libérés relativement rapidement, parce que les rançons sont payées."
Les rebelles du Mend, qui ont eux-mêmes déjà revendiqué plusieurs prises d'otages et attaques d'installations pétrolières ou gazières dans la région, affirment se battre pour une meilleur répartition des revenus de cette manne. Un programme d'amnistie, inité par le gouvernement fédéral en 2009, avait cependant entraîné une période d'accalmie.
Depuis août 2008, le groupe Bourbon a lui déjà été confronté à trois reprises à des enlèvements de ses employés dans le pays. Les otages avaient à chaque fois été libérés rapidement.
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