Une sixième personne, soupçonnée d'actes de terrorisme en liaison avec la visite en cours du pape Benoît XVI, a été arrêtée au nord de Londres, vendredi. Le pape a néammoins maintenu son discours à Westminter Hall.
Reuters - Le séjour, vendredi, à Londres de Benoît XVI a été marquée par l'arrestation de six individus soupçonnés par Scotland Yard de préparer un complot contre le pape.
L'anti-terrorisme est intervenu rapidement pour "cueillir" avant l'aube cinq balayeurs de rue qui travaillaient dans le centre de la capitale britannique, non loin du Parlement de
Westminster où le pape a pris la parole en soirée.
Le sixième suspect, âgé de 29 ans, a été appréhendé dans l'après-midi dans une maison du nord de Londres. On ne sait pas s'il travaille pour la même entreprise de nettoyage du quartier de Westminster.
Les policiers ont passé au crible le dispositif de sécurité entourant la première visite d'Etat du chef de la chrétienté dans le berceau de l'anglicanisme, tout en estimant que ces mesures demeuraient adéquates.
Selon la BBC, les cinq suspects présentaient "un risque éventuel pour la sécurité" de Benoît XVI, ce que la police a refusé de confirmer ou de démentir. Le Vatican a fait savoir que la visite pontificale se poursuivrait comme prévu, assurant que le pape n'était en rien ébranlé par cette affaire.
Les cinq hommes ont été appréhendés vers 05h45 locales (04h45 GMT). Leur identité n'a pas été dévoilée. Ils sont âgés de 26 à 50 ans. D'après un communiqué de Scotland Yard, ils sont soupçonnés de préparation ou d'incitation à des actes de terrorisme.
"Nous avons toute confiance dans la police et nous n'envisageons pas de changement de programme dans la visite", a déclaré le père Federico Lombardi, directeur de la salle de
presse du Vatican.
Le souverain pontife s'est rendu vendredi soir dans le quartier du Parlement de Westminster, où il a rencontré l'archevêque de Cantorbéry, primat de l'Eglise anglicane, puis a pris la parole devant une assemblée de dirigeants britanniques.
Il a été accueilli par des manifestants en colère, qui l'ont traité d'"anti-Christ" et l'ont accusé d'être responsable des affaires de pédophilie qui ébranlent l'Eglise catholique de par le monde.
Lors des événements de la soirée, plusieurs centaines de personnes ont scandé des slogans hostiles au pape à son entrée au palais de Lambeth, siège du primat de l'Eglise anglicane, le révérend Rowan Williams, chef spirituel des quelque 80 millions d'anglicans dans le monde.
L'archevêque de Cantorbéry et le pape, dont les églises ont divorcé en 1534, ont tous les deux souligné l'importance de la foi dans la société. Ils ont aussi convenu de la nécessité de ne pas considérer la chrétienté comme une menace aux libertés.
Ensuite, Benoît XVI s'est adressé à un auditoire composé notamment de quatre anciens Premiers ministres britanniques.
En début de journée, le pape avait rappelé que l'Eglise avait pour priorité d'assurer un environnement sûr aux enfants, alors qu'avait lieu la première manifestation importante contre sa visite d'Etat au Royaume-Uni.
Plusieurs centaines de personnes se sont mises à siffler et à crier "Le pape doit démissionner" et "Honte" au moment où le convoi pontifical est entré au St. Mary's University College de Twickenham, dans le sud-ouest de la capitale.
Elles brandissaient des pancartes sur lesquelles on lisait "Hypocrisie et mensonges" et "Pédophilie catholique étouffée".
Les cris des manifestants rivalisaient avec les cantiques chantés à l'intérieur de l'enceinte scolaire et universitaire, où étaient réunis le pape et plusieurs milliers de jeunes
catholiques de toute la Grande-Bretagne.
Le scandale des abus sexuels sur mineurs, marqué par le fait que des prêtres pédophiles aient été mutés de paroisse en paroisse au lieu d'être défroqués et remis à la police, est venu hanter le pontificat de Benoît XVI.
Jeudi, dans l'avion qui l'emmenait en Ecosse, le pape a déploré avec force le manque de vigilance et de réactivité de l'Eglise face à ce scandale, en parlant d'une "perversion" de la prêtrise.
L'un des objectifs de sa visite est d'inciter les Britanniques à redécouvrir leurs racines chrétiennes et à préserver leur tradition de tolérance devant la menace d'un
"sécularisme agressif" qui exclut Dieu de la sphère publique.