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La ville de Karachi pleure Imran Farooq

Le leader du parti ourdou Muttahida Quami Movement (MQM) a été assassiné jeudi soir à Londres. Alors que Karachi, sa ville natale, est en deuil, beaucoup craignent que sa mort ne déclenche une vague de règlements de comptes politico-ethniques...

Journée morte à Karachi. Pour rendre hommage à Imran Farooq, le leader du parti Muttahida Quami Movement (MQM, Front national uni) assassiné jeudi à Londres, où il vivait en exil, la plus grande ville du Pakistan a gardé ses rideaux baissés. Vendredi, stations services, écoles, marchés étaient fermés, tandis que les transports publics débrayaient. Hyderabad et d’autres villes de la province de Sindh (sud-est), où le parti fondé par Imran Farooq est particulièrement puissant, ont célébré sa mémoire. Le MQM a également décrété dix jours de deuil en son honneur.

L’hommage rendu par Karachi à l’ancien leader politique intervient après une nuit d’affrontements sporadiques, durant laquelle plusieurs véhicules ainsi que quelques boutiques ont été incendiés par des manifestants en colère.

Mais beaucoup craignent que l’assassinat ne déclenche une vague de règlements de comptes politico-ethniques, en raison des tensions générées par une violence politique endémique et les inondations meurtrières du mois d’août. "S’il apparaît que les forces de sécurité pakistanaises sont impliquées ou que son assassinat est de nature politique, il y aura alors des troubles", a déjà prévenu le nouveau leader du parti MQM, Altaf Hussain.

Motivations politiques

Imran Farooq, 50 ans, a été retrouvé mort jeudi soir à Londres, dans le quartier d’Edgware, au nord de la capitale britannique. Il aurait été poignardé devant son domicile. Selon la police londonienne, qui n’a procédé à aucune arrestation pour l'instant, le meurtre de Farooq pourrait avoir des motivations politiques. Les rapports entre les différentes factions politiques pakistanaises représentées à Londres se sont tendus récemment et le MQM avait changé d’adresse, il y a peu.

Ce n'est pas le premier mort du MQM. Raza Haider, autre cadre du parti, a été tué par balles le mois dernier à Karachi. Cet assassinat avait alors déclenché une vague de violences qui s'est soldée par une douzaine de morts et une centaine de blessés. Dix-sept ans plus tôt, l’ancien président du MQM, Azeem Tariq, avait lui aussi été victime d’un règlement de compte.

Retour sur le parcours d'Imran Farooq

Né à Karachi en 1960, Imran Farooq appartenait à la communauté mohajir (immigrée), formée par les musulmans de langue ourdou ayant fui l’Inde pour le Pakistan, après la Partition, en 1947.

Il était l’un des fondateurs du MQM, au début des années 1980, et il s’était rapidement imposé comme l’un de ses idéologues avant d’être élu député, en 1988. Après la fuite du leader du MQM Altaf Hussain pour Londres en 1992, Imran Farooq était devenu le politicien ourdou le plus en vue au Pakistan - à un moment où la violence politique faisait rage. Accusé par les autorités pakistanaises d’implications dans plusieurs affaires criminelles, il était alors passé à la clandestinité. Imran Farooq avait finalement choisi l’exil en 1999 et s’était installé en Grande-Bretagne. Il n’exerçait officiellement plus aucune fonction politique.

Le MQM est aujourd’hui considéré comme la quatrième force politique du Pakistan. Il dirige Karachi depuis vingt-deux ans - ainsi que la région du Sindh. Deux des ministres de la coalition du Premier ministre Gilani en sont membres. Le MQM, dont la ligne politique fut longtemps exclusivement axée sur les droits de la communauté ourdou, se montre très critique vis-à-vis des Taliban.

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