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Le doute plane sur le maintien du second tour dimanche prochain

Le Premier ministre, Jean-Marie Doré, a laissé entendre que le second tour de la présidentielle pourrait ne pas avoir lieu dimanche après les violences survenues à Conakry le week-end dernier. Aucun report du scrutin n'a toutefois été annoncé.

AFP - Le gouvernement de la transition en Guinée a appelé au calme, lundi, après des violences électorales qui ont fait un mort et 50 blessés pendant le week-end à Conakry où le doute plane à présent sur la possibilité de maintenir le second tour de la présidentielle dimanche.

A six jours du scrutin, le Premier ministre de la transition, Jean-Marie Doré, a reçu séparément les deux candidats en lice, Cellou Dalein Diallo et Alpha Condé.

"Jean-Marie Doré leur a demandé d'appeler leurs militants au calme. Il a dit qu'il ne pouvait y avoir de troubles en période électorale", a rapporté à l'AFP le vice-président du parti de Cellou Dalein Diallo, Bah Oury.

A la suite des violences qui ont opposé samedi et dimanche les partisans de MM. Diallo et Condé dans les rues d'une banlieue de Conakry, le gouvernement avait décidé, dimanche, d'interdire toute manifestation de rue.

Aussitôt, la France, ex-puissance coloniale, a appelé "à l'apaisement".

Les violences sont "inacceptables", a déclaré lundi le chef de la diplomatie française, Bernard Kouchner, qui a téléphoné aux deux candidats guinéens.

Ceux-ci "m’ont réitéré leur détermination à honorer le Protocole de Ouagadougou (signé le 3 septembre, ndlr), à appeler leurs sympathisants au calme et à accepter le résultat des urnes", a précisé le ministre français.

Dans l'après-midi, Jean-Marie Doré a également convoqué les membres de la Céni.

"Il nous a dit que le gouvernement avait décidé de prendre ses responsabilités, qu'il voulait savoir où nous en étions exactement" dans les préparatifs du scrutin, a rapporté le directeur des opérations techniques de la Céni, Pathé Dieng.

Selon M. Dieng, "la Céni a répondu qu'elle était en train de faire une évaluation et M. Doré a dit: +allez faire cette évaluation et revenez me voir mercredi+".

Les observateurs commencent à douter sérieusement que le scrutin puisse avoir lieu dimanche.

Les violences du week-end avaient débuté 48 heures après qu'un tribunal de la banlieue de Conakry eut condamné deux dirigeants de la Commission électorale, dont son président Ben Sékou Sylla, à un an de prison ferme pour "fraude électorale".

Pour l'ancien ministre des Affaires étrangères François Lonsény Fall, porte-parole de la coalition soutenant le candidat Condé: "il faut d'abord calmer les esprits. Aucun des deux candidats n'a intérêt à ce que la situation dégénère".

Mais il rappelle que le camp d'Alpha Condé pose des conditions à sa participation au scrutin. "Une fois que des mesures correctives seront prises, on ira aux élections. Nous demandons la publication des listes électorales et la création effective de nouveaux bureaux de vote", a-t-il dit à l'AFP.

Et le parti de M. Condé demande toujours que la présidente par intérim de la Céni, Hadja Aminata Mame Camara, jugée trop proche du candidat Diallo, soit remplacée par une personnalité "neutre".

De leur côté, les partisans de Cellou Dalein Diallo accusent Alpha Condé de vouloir tout faire pour retarder le second tour "parce qu'il est sûr de perdre", disent-ils.

Diallo, ancien Premier ministre sous le régime du défunt autocrate Lansana Conté (1984-2008), est arrivé en tête au premier tour, avec 43,69% des voix. Condé, opposant historique à tous les régimes, a rassemblé 18,25% des suffrages.

Cette élection doit redonner le pouvoir aux civils, près d'un an après le massacre de 156 opposants par l'armée le 28 septembre à Conakry.

Le général Sékouba Konaté, qui préside la transition, a demandé au président burkinabè Blaise Compaoré d'effectuer une mission de médiation à Conakry dans les meilleurs délais, selon une source proche de la présidence guinéenne.

Mais à Ouagadougou, une source proche de la présidence burkinabè a commenté: "Apparemment la situation est bloquée là-bas et il (le général Konaté) a souhaité que le président vienne", mais "ce n'est pas à l'ordre du jour".