La réforme des retraites, c'est LA réforme clef de Nicolas Sarkozy. Celle qui devrait faire du président l'homme qui aura su tenir ses promesses. Celle aussi qui va sans doute donner lieu à un bras de fer sans précédent.
Les syndicats attendent plus de deux millions de manifestants dans au moins 15 villes de France pour manifester contre la réforme des retraites, mardi 7 septembre. Une date qui n’a pas été choisie au hasard puisque l’Assemblée nationale débute l’étude du texte ce même jour.
Le passage progressif de l’âge légal de départ à la retraite de 60 ans à 62 ans d’ici 2018 est le principal point d’achoppement. Selon les syndicats, ce dispositif fera porter "à plus de 85% les efforts sur les salariés". Nicolas Sarkozy estime que ces deux années travaillées en plus ‘’rapporteront à la Caisse d'assurance-maladie 28 milliards d'euros’’.
Olivier Ferrand, président fondateur de Terra Nova, Think tank proche du Parti Socialiste, estime que cette réforme pèserait surtout sur les personnes entrées tôt dans le marché du travail. ‘’Ceux qui commencent à travailler à 25 ans, ont déjà tendance à quitter la vie professionnelle vers 64 ou 65 ans’’, ajoute-t-il. L’âge de départ à la retraite permettant de toucher automatiquement une retraite à taux plein sera aussi progressivement porté de 65 à 67 ans.
Lutte contre les déficits
Pour Henri Sterdyniak, économiste à l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), rallonger la durée de cotisation aurait été une ‘’meilleure et plus équitable’’ solution. ‘’Mais le gouvernement a choisi d’être efficace pour rester crédible aux yeux des marchés et de la Commission européenne dans la lutte contre les déficits. Retarder l’âge de la retraite sera plus rapidement payant que le simple allongement du temps de cotisation’’, précise Henri Sterdyniak. La réforme prévoit, d’autre part, de faire passer cette durée de 40 à 41.5 ans d’ici 2012.
Malgré quelque 500 amendements déposés, les députés pourraient effectuer le vote solennel sur l’ensemble du projet dès le mercredi 15 septembre. Il devra ensuite être transmis au Sénat. Si les deux chambres adoptent le texte, la réforme pourrait être promulguée dès novembre 2010.
Invité:
- Henri STERDYNIAK, Economiste, Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE)
Émission préparée par Kate Williams, Marie Billon et Patrick Lovett