Depuis trois jours, les émeutes ont fait dix morts et plusieurs centaines de blessés dans l'ex-colonie portugaise d'Afrique australe, l'un des pays les plus pauvres au monde. Les affrontements entre police et manifestants se poursuivent.
AFP - Les émeutes contre la vie chère au Mozambique se sont étendues pour la première fois vendredi à la province, alors que des incidents isolés continuaient de secouer Maputo au 3ème jour de violences qui ont fait dix morts et 443 blessés.
La police a tiré à balles réelles à Chimoio, à 750 km au nord de Maputo, lorsqu'une centaine d'émeutiers ont mis le feu aux étalages sur le marché principal, a indiqué à l'AFP le porte-parole de la police provinciale, Belmiro Mutadiwa.
"Six personnes ont été blessées et deux ont été hospitalisées", frappées par des "balles égarées", a-t-il ajouté, affirmant que la police n'avait "pas tiré directement sur la foule". Une cinquantaine de protestataires ont été arrêtés.
Dans la capitale, l'activité reprenait timidement en dépit d'actions éparses dans les quartiers périphériques.
Les équipes de la Croix-rouge sur le terrain ont vu des groupes "très limités", de trois ou quatre personnes, mettant le feu à des pneus avant de fuir à l'arrivée de la police, a expliqué à l'AFP le porte-parole de l'organisme au Mozambique, Americo Ubisse.
Après deux jours de heurts, les urgences des hôpitaux ont constaté une nette accalmie.
Mais entre 07h00 (05h00 GMT) jeudi et 07h00 vendredi, "trois décès directement liés aux émeutes" ont encore été enregistrés, a indiqué le ministre de la Santé, Ivo Garrido. Pendant cette période, 149 nouveaux blessés ont été admis dans les hôpitaux de Maputo et de sa banlieue.
Dans les 24 heures précédentes, les émeutes avaient fait sept morts et 228 blessés.
L'annonce d'une hausse de 17% du prix du pain avait embrasé mercredi les quartiers pauvres de Maputo, jetant des milliers de personnes dans les rues.
Malgré un retour apparent à la normale, la colère était toujours perceptible vendredi. "Les gens n'ont pas d'argent pour acheter de la nourriture", s'emportait Elisa Aldino, 48 ans, interrogée par l'AFP dans une des longues files d'attente devant les boulangeries.
"Quand on n'a pas d'argent, on dort sans manger", ajoutait cette femme de ménage, venue du quartier pauvre de Maxaquene où les magasins, fermés mercredi, n'ont pas rouvert.
Les bus avaient repris leur service. Mais les taxis collectifs, dont dépend la masse des plus pauvres pour se déplacer, étaient toujours absents et des patrouilles de police lourdement armées quadrillaient encore la ville.
"Je ne suis pas sûr que la vie ait repris normalement", soulignait un habitant de Xiquelene, un des bidonvilles de Maputo où les émeutes ont été les plus violentes.
Selon le gouvernement, le mouvement a coûté 122 millions de meticals (3,33 millions de dollars) à l'économie du pays.
Le Mozambique, dévasté par la longue guerre civile (1976-1992) qui a suivi le conflit armé pour l'indépendance de l'ancienne colonie portugaise, connaît une misère alarmante. 65% de ses 20 millions d'habitants vivent sous le seuil de pauvreté.
Les prix ont flambé ces derniers mois en raison de la dépréciation de la devise nationale par rapport au rand sud-africain, qui a grimpé de 43% depuis le début de l'année. Le pays dépend étroitement des importations venues de son grand voisin.
En 2008 déjà, six personnes avaient été tuées dans des émeutes contre la hausse des prix des taxis collectifs.