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Les "salles de shoot" divisent la classe politique française

Malgré le refus de Matignon d'expérimenter les salles de consommation de drogue pour les toxicomanes, le président du Sénat, Gérard Larcher (UMP), a proposé la création d'une mission parlementaire à ce sujet.

Autorisées dans huit pays, pour la plupart européens, les salles de consommation de drogue sous contrôle médical sont l’objet d’un vif débat en France.

Le Premier ministre, François Fillon, a rejeté, mercredi, la proposition avancée depuis plusieurs semaines par la ministre de la Santé, Roselyne Bachelot, d’expérimenter ces "salles de shoot". "La mise en place de ces centres de consommation de drogue n'est ni utile ni souhaitable en France", a déclaré le chef du gouvernement dans un communiqué.

Ce jeudi, le ministre de l’Intérieur, Brice Hortefeux, lui a emboîté le pas en ajoutant que, selon lui, cela "pouvait favoriser le deal de proximité" et que "quelque part, c’était la porte ouverte à la dépénalisation de certaines drogues".

Preuve que le débat est loin d’être clos, ce jeudi, le président du Sénat, Gérard Larcher (UMP, au pouvoir), s’est prononcé en faveur de la création d'une mission parlementaire à ce sujet.

L'opposition gronde

Au Parti socialiste (PS), on regrette "cette fin de non-recevoir" du Premier ministre. Dans un communiqué, l’apparenté PS Jean-Luc Romero a déploré une position "populiste, inefficace et dangereuse pour la santé et la sécurité publique".

Du côté des nombreux acteurs de terrain qui militent depuis des années pour ce genre de dispositif, la colère gronde aussi. "Alors que les données scientifiques montrent tout l’intérêt de ces centres, y compris pour des objectifs poursuivis par le gouvernement, il est totalement obscurantiste et irrationnel de dire qu’ils sont inutiles", regrette Act Up, une association de lutte contre le sida.

Au Luxembourg, "un certain impact sur la mortalité des toxicomanes"

La France compte aujourd'hui plusieurs centres d’accueil avec du matériel d’injection stérilisé, mais il est strictement interdit de consommer de la drogue sur place. Dans les "salles de shoot" en Suisse ou au Luxembourg, les toxicomanes, encadrés par des professionnels de santé et des travailleurs sociaux, consomment dans de bonnes conditions d'hygiène, tout en préservant la tranquillité et la sécurité des habitants du quartier d'implantation.

Au Luxembourg, un tel centre fonctionne depuis 2005. "L’objectif est de sauver des vies, et on a pu mesurer un certain impact sur la mortalité des toxicomanes", a déclaré à FRANCE 24 le ministre de la Santé en charge des problèmes de drogue, Alain Origier. Si bien que les autorités ont décidé d'ouvrir une deuxième "salle de shoot" dans le sud du duché.

"Depuis 2005, il y a eu 300 overdoses dans nos centres de toxicomanes qui auraient probablement trouvé la mort s’ils n’avaient pas été encadrés. Surtout, ces lieux permettent aux consommateurs de drogue de trouver de l’aide auprès des travailleurs sociaux pour s’en sortir", ajoute le ministre luxembourgeois.

Plusieurs pays comme l’Allemagne, la Suisse ou les Pays-Bas ont également créé ce genre de centres.