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Attentat à Kigali après la réélection de Paul Kagame

Quelques heures après la confirmation de la victoire écrasante de Paul Kagame à la présidentielle rwandaise, une grenade a explosé mercredi soir dans le centre-ville de Kigali, faisant sept blessés. Trois suspects ont été arrêtés.

Au soir même de la proclamation de la victoire écrasante du chef de l'Etat sortant, Paul Kagame, à l'élection présidentielle, une grenade a explosé mercredi soir dans le quartier de Rubangura, dans le centre-ville de Kigali. L'attaque a eu lieu vers 18h30 heure locale, à proximité d'un dépôt de bus très fréquenté, et a fait sept blessés dont deux enfants, selon Eric Kayiranga, le porte-parole de la police. Trois suspects ont été arrêtés.

Sur le terrain, des témoins ont évoqué un nombre beaucoup plus important de blessés - au moins vingt, selon un journaliste américain présent sur place -, sans que ces chiffres n'aient été confirmés. Toujours selon des témoins, des centaines de personnes rentrant du travail se trouvaient à l'arrêt de bus, qui dessert le Grand Kigali.
"J'ai un éclat dans le bras. On m'a dit qu'on allait me l'enlever plus tard. Il y a beaucoup de blessés", a déclaré un Rwandais à Johan Bodin et Catherine Norris Trent, les envoyés spéciaux de FRANCE 24 à Kigali. "On était en train d'attendre le bus et nous avons vu une voiture arriver, précise autre témoin. C'était une petite jeep Toyota. La voiture s'est arrêtée. Quelques secondes plus tard, le chauffeur a lancé quelque chose qui a explosé. Après une moto est venue, là aussi quelque chose a été lancé qui a explosé. Les gens sont tombés par terre. Je n'ai pas pu me relever."
La quatrième attaque depuis février
La police n'a pas confirmé que l'attaque puisse être un double attentat et a ouvert une enquête. Trois suspects ont été arrêtés. Depuis février, trois attaques à la grenade ont frappé la capitale rwandaise, pourtant réputée sûre, dans des quartiers fréquentés et aux heures de grande affluence. Ces trois attentats, qui n'ont jamais été revendiqués, ont fait au moins quatre morts et une cinquantaine de blessés. D'abord attribués par les autorités aux miliciens Interahamwe ayant participé au génocide de 1994, ils avaient finalement été imputés à l'ancien chef d'état-major de l'armée, le général Faustin Kayumba Nyamwasa, exilé en Afrique du Sud.
Ces attaques avaient créé un climat de tension avant l'élection présidentielle, qui s'est finalement déroulée dans le calme. Paul Kagame, qui dirige le Rwanda depuis qu'il a mis fin au génocide des Tutsi en 1994, a sans surprise été réélu le 9 août avec 93 % des voix. Son parti, le Front patriotique rwandais (FPR), contrôle tous les échelons de la vie politique et aucun concurrent sérieux n'a participé au scrutin.