Expulsés le 8 juillet d'un campement en Seine-Saint-Denis, des Roms ont trouvé refuge, dimanche, sur des terrains municipaux proches du Stade de France. Les familles commencent à y construire des baraques avec des matériaux de récupération.
AFP - Tout près du Stade de France, des Roms expulsés le 8 juillet du plus ancien campement de Seine-Saint-Denis ont trouvé refuge, après un mois d'errance, sur des terrains municipaux où ils sont assurés de rester une année.
"Ces dernières semaines n'ont pas été faciles, nous avons dû dormir dans les rues et chaque matin la police venait nous déloger en nous disant qu'on ne pouvait pas rester là", raconte à l'AFP Bianca, 11 ans.
"Gens du voyage" est l'appellation administrative, établie à la fin des années 1970, qui désigne les communautés nomades de France, ceux "dont la profession et les occupations nécessitent un déplacement continuel en caravane pendant la majeure partie de l'année". Ils possèdent la nationalité française.
Les "Roms" ou "Tsiganes", sont, à l'origine, un peuple nomade venu d'Inde, aujourd'hui très majoritairement sédentarisé. En France, le terme "Roms" désigne des nomades d'origine essentiellement roumaine ou bulgare. Ils bénéficient de la liberté de circulation mais n'entrent pas dans la catégorie juridique française des "gens du voyage".
Les Roms sont appelés différemment selon les zones géographiques. On parle de "gitans" en Camargue, dans le sud de la France, comme en Espagne. En Italie ou dans les pays germanophones, en revanche, on parle de "manouches".
Depuis le 2 août, les Roms occupent quatre parcelles appartenant à la mairie sur lesquelles les familles commencent à s'installer. Ces quelque 150 personnes occupaient toutes précédemment le campement du Hanul, également à Saint-Denis, le plus vieux de ce département défavorisé au nord de Paris.
"La mairie s'est un peu retrouvée devant le fait accompli, mais il était hors de question de les expulser à nouveau et nous avons choisi une approche alternative", se justifie Florence Haye, première adjointe (PCF) à Saint-Denis.
"Nous voulons construire quelque chose de différent. Les terrains doivent être libérés dans un an pour lancer des travaux, nous souhaitons donc trouver une solution pérenne d'ici là et allons organiser très prochainement un tour de table avec toutes les bonnes volontés pour y réfléchir", a expliqué l'élue.
En attendant, le nouveau campement s'organise, avec le soutien de la mairie, qui "a promis de nous installer très rapidement de l'eau, des sanitaires, de l'électricité, et des algécos à partir d'octobre ou novembre", assure Gari Stefan, un Rom de 34 ans.
Pour l'instant, les familles logent dans des tentes mais commencent à construire des baraques avec des matériaux de récupération que des Roms vont chercher dans tout le département.
"Nous sommes en relation régulière avec la mairie et nous espérons réussir à trouver une solution durable. Ce que nous réussirons à mettre en place ici pourra devenir, je l'espère, un exemple à suivre ailleurs en France en termes d'installation des Roms", plaide Saimir Milie, président de l'association "La voix des Roms".
Le discours musclé du gouvernement et du chef de l'Etat contre les Roms les inquiète, mais ils croient possible de rester en France. "Je n'ai plus de lien avec la Roumanie, nous sommes installés à Saint-Denis depuis plus de 10 ans, nos enfants sont nés ici, ils sont scolarisés ici, je ne vois pas où l'on pourrait nous renvoyer", se rassure Ichim, 56 ans.
"Tout de même, le discours du président n'est pas normal, il ne peut pas diviser ainsi les gens, pointer du doigt des communautés entières, la France est une terre d'asile avec une histoire prestigieuse", accuse Gari Stefan.
Saimir Milie est, lui, assez pessimiste, pensant qu'avec "le racisme qui s'exprime de plus en plus librement, au plus haut niveau de l'Etat, la sécurité même des Roms est mise en péril".
Cela ne semble apparemment pas le cas à Saint-Denis où les relations avec les habitants commencent à s'établir dans le respect mutuel. "Il a été parfois nécessaire d'expliquer, mais dans l'ensemble les choses se passent bien", confirme Florence Haye à la mairie.
Mais pour tous cette situation doit être provisoire. Les Roms de Saint-Denis espèrent pouvoir reconstruire leurs vies dans des logements décents. "On veut des logements, avant tout pour pouvoir assurer un avenir à nos enfants, qu'ils n'aient pas à se retrouver dans des baraques, à chercher des terrains comme nous", lance M. Stefan.