Paul Kagame apparaît comme l'ultra-favori du scrutin qui s'est ouvert ce lundi matin. Le président sortant promet de poursuivre des politiques de développement très populaires, mais des observateurs dénoncent la répression visant ses opposants.
"S'ils disent (…) qu'ils ne veulent plus de moi, je n'hésiterai pas à faire mes valises", a assuré le président rwandais Paul Kagame, à l'occasion du dernier jour de la campagne électorale de l'élection présidentielle de ce lundi 9 août. Il se présente face aux quelques 5,2 millions d'électeurs avec trois autres candidats. Quasi assuré d’être réélu pour un nouveau septennat, ce Tutsi de 52 ans dirige ce petit pays d'Afrique centrale depuis que ses forces du Front patriotique rwandais ont mis fin au génocide rwandais en renversant le gouvernement intérimaire en 1994.
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L'opposition a du mal à émerger au Rwanda
Visionnaire ou despote ?
Élu avec 95% des voix lors de la première élection présidentielle post-génocide de 2003, et fort d'un fort soutien international, Paul Kagame se targue d’avoir mis en œuvre une politique volontariste de développement économique, axée sur les services et les nouvelles technologies, ainsi que la modernisation de l'agriculture. Cité en exemple pour sa lutte contre la corruption,
le Rwanda figure parmi les pays les plus en pointe dans la défense de l'environnement. Des performances qui peinent toutefois à faire oublier son exercice autoritaire du pouvoir. Chef de guerre controversé, il est décrit par ses admirateurs comme un leader visionnaire, alors que ses détracteurs ne voient en lui qu’un despote. "Kagame laisse au Rwanda moins d'espace politique et de liberté de la presse que (Robert) Mugabe au Zimbabwe", accusait récemment The Economist.
Opposition muselée
Les signes de tensions se sont d’ailleurs multipliés ces derniers mois, les organisations de défense des droits de l'homme comme Human Rights Watch (HRW) dénonçant un climat de répression croissant, "menaces" et "agressions" contre l'opposition, qui ont "créé un climat de répression apparemment destiné à inhiber la liberté d’expression à l’approche de l’élection", selon Amnesty. Composée de quelque 1 394 observateurs, dont 214 étrangers pour le compte notamment de l'Union africaine ou du Commonwealth, la commission électorale s’est néanmoins félicitée, dimanche, de l'absence d'incident pendant les vingt jours de campagne.
De son côté, l’opposition ne se faisait guère d’illusions à la veille du scrutin. Trois partis récemment apparus, dont deux non reconnus par les autorités, sont de facto exclus du scrutin. Dénonçant une "farce électorale", ils ont qualifié les trois rivaux de Kagame de candidats fantoches. Ce n’est pas tout. Un candidat annoncé, Bernard Ntaganda, est sous les verrous, et l'opposante Victoire Ingabire est placée sous contrôle judiciaire. Tous deux sont accusés notamment de négation du génocide rwandais. Basés dans l’est de la République démocratique du Congo, les rebelles hutu des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), dont certains sont recherchés par Kigali pour leur participation présumée au génocide de 1994, ont appelé quant eux à rejeter par avance les résultats de "cette mascarade électorale".
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REPORTERS : Rwanda, l'échappée de Paul Kagamé