Parcours atypique que celui d’Asif Ali Zardari. Régulièrement soupçonné de corruption, voire même de meurtre, il est devenu président du Pakistan après l’assassinat de sa femme, Benazir Bhutto.
La carrière politique d’Asif Ali Zardari prend son envol en 1987, lorsqu’il épouse Benazir Bhutto, la fille d’un ancien Premier ministre pakistanais, qui deviendra elle-même par deux fois chef du gouvernement (1988-1990 et 1993-1996). Issu lui aussi d’une famille aisée, il acquiert une stature internationale en décembre 2007, lorsque son épouse est assassinée par des militants islamistes. Profitant d’un élan populaire autour de sa personne, il accède à la présidence du pays malgré des soupçons de corruption qui ont toujours pesé sur sa carrière.
"Monsieur 10 %"
Un an après son mariage avec Benazir Bhutto, celle-ci est nommée Premier ministre. La même année, il entre lui aussi dans la vie politique en se faisant élire au Parlement. Il est par la suite rapidement nommé par son épouse au poste de ministre de l’Environnement et de l'Investissement, suscitant des accusations de népotisme. C’est durant cette période que des opposants lui reprochent ses pratiques douteuses et l’affublent du surnom de "monsieur 10%", faisant allusion à la marge qu’il s’octroierait lors de la signature de contrats.
Il est accusé d’avoir détourné des centaines de millions de dollars, certains avançant même le chiffre de 1,5 milliard de dollars, qu’il aurait placé hors du pays. Des accusations que Zardari a toujours rejetées et qu’il met sur le compte de rivalités politiques. Il a cependant été reconnu coupable de corruption et emprisonné de 1997 à 2004. Il a même, un temps, été soupçonné d’avoir commandité l’assassinat de Murtaza Bhutto, le frère de son épouse, avant d’être blanchi. Puis, il rejoint sa femme qui vit en exil. Le couple reviendra au Pakistan en octobre 2007, à la faveur d’une amnistie décrétée par le président de l’époque, Pervez Musharraf.
Une popularité à 20 %
À la mort de son épouse, Zardari monte une coalition politique qui le propulse au poste de président en moins d’un an. Mais, malgré cette soudaine popularité, des soupçons de corruption et même de meurtre se font à nouveau insistants autour de sa personne. De plus, il est particulièrement peu populaire auprès des militaires, qui jouent un rôle considérable dans le pays. Habituée aux coups d’État pour renverser les hommes politiques issus de la société civile, l’armée n’a jamais totalement accordé sa confiance au président Zardari.
Une récente étude du Centre de recherche Pew, basé aux États-Unis, révèle que seuls 20 % des Pakistanais ont une opinion favorable de leur président. Ils sont en revanche 61 % à soutenir le général Ashfaq Kayani, le chef des forces armées pakistanaises, et 94 % à estimer que les militaires ont un impact bénéfique sur le pays.