Hostiles à la présence des forces de paix de la Minuad dont l'ONU vient de prolonger le mandat d'un an, les autorités soudanaises ont annoncé qu'elles surveilleraient de près leurs déplacements au Darfour.
REUTERS - Les autorités soudanaises ont annoncé samedi qu'elles surveilleraient de près les déplacements des unités de la Minuad, la force de paix internationale au Darfour, dont le Conseil de sécurité de l'Onu vient de prolonger d'un an le mandat.
Le gouvernement de Khartoum a toujours été hostile à la présence de cette force mise sur pied par l'Onu et l'Union africaine (UA), déployée dans la province occidentale du Soudan depuis 2007.
Les relations entre autorités soudanaises et Minuad se sont encore dégradées depuis que la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye a inculpé le président soudanais Omar Hassan al Bachir de crimes de guerre, crimes contre l'humanité et génocide.
Un responsable du ministère soudanais de l'Information, Rabie Abdelati, a accusé samedi la Minuad de ne pas être capable de mettre fin aux violences dans les camps de réfugiés au Darfour, où des affrontements entre partisans et adversaires des négociations menées au Qatar avec Khartoum ont fait huit morts cette semaine.
"La Minuad ne fait pas du tout son travail - il y a encore eu des fusillades, des incendies, des gens tués et tout ce qu'elle fait, c'est regarder", a affirmé à Reuters Abdelati, de retour d'une visite dans le sud du Darfour.
Les heurts de cette semaine ont fait cinq morts dans le camp de Kalma, dans le sud du Darfour, et trois autres dans celui de Zalingei, dans l'ouest. Il y a eu des dizaines de blessés.
"Faîtes votre travail ou partez"
"Le gouverneur du Sud-Darfour a demandé à la Minuad soit de faire son travail (dans le camp de réfugiés de Kalma), soit de s'en aller et de laisser le gouvernement prendre les choses en mains", a poursuivi Abdelati.
Il a précisé que les bagages des membres de la Minuad seraient désormais fouillés à l'aéroport et que les 21.700 soldats et policiers de la paix devraient informer les autorités soudanaises de leurs déplacements, y compris dans la capitale du Sud-Darfour, Nyala.
"La Minuad doit se conformer à tous les règlements du pays et respecter sa souveraineté", a-t-il dit. "Tous ses déplacements devront se faire en coordination avec nous et le gouvernement devra être informé de toutes ses activités."
Abdelati a accusé la force de paix de protéger des "criminels" responsables, selon Khartoum, des désordres dans le camp de Kalma. "Le gouverneur exige qu'on lui remette d'ici quarante-huit heures ces cinq criminels", a-t-il insisté.
La Minuad a annoncé la semaine dernière que cinq chefs locaux s'étaient réfugiés à Kalma. On ignore si ce sont les cinq hommes réclamés par les autorités soudanaises.
Les quinze membres du Conseil de sécurité de l'Onu ont reconduit vendredi pour un an le mandat de la Minuad et condamné le regain de violences dans la région. Ils ont exhorté les autorités soudanaises à cesser d'entraver le travail de la Mission des Nations unies et de l'Union africaine au Darfour. Selon les Nations unies, le conflit a fait 300.000 morts depuis sept ans. De son côté, le régime de Khartoum avance un bilan de 10.000 victimes.