
Abdoul Aziz Naji, emprisonné à Guantanamo et libéré le 19 juillet, a été rapatrié en Algérie. L’ex-détenu, qui affirmait craindre des persécutions dans son pays, ne donne plus signe de vie depuis, assure l'ONG Center for constitutional rights.
Lavé de tous soupçons, Abdoul Aziz Naji, 35 ans, a été libéré et transféré en Algérie après huit années de captivité dans la prison américaine de Guantanamo. Mais l’homme ne souhaitait pas retourner dans son pays d’origine, affirmant craindre des représailles de son gouvernement ou d’un groupuscule islamiste. "Terrifié", selon l’association Human Rights Watch, l’homme demandait l’asile dans un autre pays.
Malgré le combat de ses deux avocats pour le transférer à Newton, dans l’Etat du Massachusetts, une ville "dont l’histoire est liée au combat de l’association Human Right Watch pour la réimplantation des anciens prisonniers de Guantanamo détenus à tort", les autorités américaines ont fait la sourde oreille. Pour le Pentagone, ce rapatriement n’avait rien de déraisonnable puisque l’Algérie et les Etats-Unis "collaborent pour s'assurer que les transfèrements aient lieu dans les conditions de sécurité appropriées". Protégé par une "assurance-diplomatique" et par la promesse américaine qu’il sera traité humainement, l’homme était donc en sécurité, selon les autorités.
Détenu par les services de sécurité algériens ?
La réalité est toute autre. L’organisation américaine Center for constitutional rights, basée à New York et qui représente de nombreux détenus à Guantanamo, indique qu’aucun membre de sa famille n’a réussi à le localiser. "M. Naji a disparu depuis son retour en Algérie et se trouve probablement dans un lieu de détention secret des services de sécurité algériens", déclare l’association via un communiqué.
Ses membres viennent de publier sur leur site une lettre ouverte à l’attention de Washington. Ils tiennent pour responsable le gouvernement américain de la disparition d’Abdoul Aziz Naji. "Tant que l’Algérie n’apporte pas la preuve que Mr. Naji est en sécurité, le gouvernement américain, qui a orchestré le rapatriement forcé du détenu, devra rendre des comptes devant la loi."
Human Rights Watch craint, de son côté, la multiplication de ces rapatriements forcés sans garanties de protection. Selon l’association, d’autres détenus algériens seraient tellement terrifiés par un rapatriement dans leur pays natal qu’ils auraient déclaré préférer rester en détention à vie sur le sol américain.