Au moins 49 personnes ont été tuées dans des combats opposant depuis quatre jours des rebelles chiites et une tribu soutenue par l'armée dans le nord du Yémen. Ce regain de tension fait craindre une nouvelle guerre dans la région.
AFP - Les affrontements armés dans le nord du Yémen, où une fragile trêve est en vigueur depuis février, se sont intensifiés entre les rebelles chiites et les tribus soutenues par l'armée, faisant au moins 49 morts au cours des quatre derniers jours.
Des combats en cours depuis dimanche "entre les (rebelles) houthis et les partisans du chef tribal cheikh Saghir Aziz se sont soldés par la mort de 20 personnes dans les rangs de la tribu et de 10 parmi" la rébellion, a déclaré mercredi à l'AFP une source tribale.
De même source, les rebelles encerclent cheikh Saghir Aziz, un député membre du Congrès populaire général (au pouvoir), et ses hommes de la tribu des Ben Aziz, à Al-Amichiya, au nord d'Harf Soufiane, fief des rebelles dans la province d'Amrane.
Interrogé par l'AFP, le porte-parole de la rébellion chiite Mohammad Abdessalam a affirmé que son groupe avait perdu au moins 20 de ses membres dans les affrontements.
Par ailleurs, dans un incident séparé, un dignitaire tribal, cheikh Zaïdane al-Moqannaï, son fils et quatre gardes du corps ont été tués mardi dans une embuscade tendue par des rebelles chiites dans la région de Mounabeh, au nord-ouest de Saada, le fief de la rébellion, a rapporté mercredi l'agence officielle Saba.
Dénonçant "un acte criminel", le porte-parole de la Haute commission de sécurité a accusé les rebelles d'"alimenter délibérément la tension et de saper les efforts déployés pour rétablir la sécurité et la paix" dans le nord.
La poursuite des combats à Al-Amichiya a suscité un mouvement de solidarité au Parlement de Sanaa où "six députés effectuent depuis mardi un sit-in" de protestation contre l'encerclement de cheikh Saghir Aziz, a rapporté un correspondant de l'AFP.
En outre, une pétition circulant au Parlement a recueilli la signature de 62 députés. Elle enjoint au gouvernement d'"assumer ses responsabilités pour que cessent les violations par les rebelles" des termes du cessez-le-feu dans le nord, en vigueur depuis février après six mois de guerre entre les rebelles et l'armée.
Les signataires menacent de "suspendre leur mandat parlementaire jusqu'à ce que la situation imposée à (leur) collègue Saghir Aziz ait pris fin", selon l'un d'entre eux.
Le porte-parole des rebelles a cependant nié que ses hommes prive cheikh Saghir Aziz de sa liberté de mouvement, ajoutant qu'ils n'étaient "pas (en guerre) contre des tribus, mais contre des positions militaires dans la région d'Harf Soufiane, où sont disposés des chars et des lance-roquettes".
"Cheikh Saghir Aziz est un colonel de l'armée", a-t-il dit pour étayer ses affirmations sur le caractère militaire des "cibles" des rebelles.
Le cessez-le-feu de février a mis fin à la "Sixième guerre" entre les rebelles, qui dénoncent une marginalisation politique, sociale et religieuse, et l'armée, dans un conflit qui a fait depuis 2004 plusieurs milliers de morts.
Les rebelles et le gouvernement se rejettent la responsabilité du regain de tension, qui empêche quelque 250.000 déplacés du nord de regagner leurs foyers.
Ce regain de tension laisse craindre le déclenchement d'une septième guerre dans cette région du nord du Yémen, pays également confronté à un mouvement séparatiste dans le sud et à un renforcement de la présence des partisans d'Al-Qaïda.