
Une étude dévoilée dans le cadre de la conférence internationale sur le sida démontre qu'un gel vaginal réduit de moitié le risque d'infection au VIH chez les femmes. Une annonce qui suscite de grands espoirs chez les spécialistes.
Une étape importante vient d’être franchie dans la lutte contre le sida. Pour la première fois, un gel vaginal a montré sa capacité à bloquer la transmission du VIH.
Une étude publiée dans la revue "Science" démontre que ce gel microbicide réduit de moitié le risque d'infection au VIH par rapport à un gel placebo. Destiné à être appliqué sur les muqueuses vaginales, le gel contient du Ténofovir, un antiviral fréquemment utilisé dans le traitement des patients séropositifs. Cette annonce a soulevé l’enthousiasme des participants de la 18e conférence internationale sur le sida, qui s'est ouverte dimanche 18 juillet à Vienne.
"On savait que cette étude était menée, mais on ne savait pas qu’elle déboucherait sur de tels résultats", se félicite Laurence Weiss, professeure au service d’immunologie de l’hôpital Georges Pompidou à Paris. Contactée par France 24, elle explique qu’il s’agit "d’une grande avancée pour les femmes. Si le gel est commercialisé un jour, elles pourront alors prendre en main la prévention de la transmission du virus".
Hormis le préservatif féminin, "très peu utilisé car trop cher" selon Laurence Weiss, les femmes sont en effet toujours dépendantes des hommes, qui peuvent décider d’utiliser ou non un préservatif masculin.
Une troisième phase de l’étude en cours
L’étude, qui a débuté en février 2007, a porté sur près de 900 femmes séronégatives âgées de 18 à 40 ans vivant dans une région d’Afrique du Sud fortement touchée par le virus. Le gel au Ténofovir a été distribué à la moitié d’entre elles, les autres ayant reçu un gel inactif. Il leur a été demandé d’utiliser le produit environ douze heures avant d’avoir une relation sexuelle, puis douze heures après. Les femmes ont bien entendu été accompagnées et observées par les équipes de chercheurs tout au long de l’étude.
Au bout de trois ans, les scientifiques ont remarqué que les femmes ayant bien respecté la procédure avaient environ 50% de chances en moins d’avoir contracté le virus.
Si encourageants soient-ils, ces résultats doivent encore être validés par la troisième phase de l’étude qui a d’ores et déjà été lancée sur plus de 4 000 femmes.
La recherche pour un vaccin continue
L’un des deux scientifiques du programme de recherche sur le sida en Afrique du Sud (CAPRISA), en charge de l’étude, estime qu’il faut désormais déterminer "sur quelle base biologique certaines femmes sont tout de même infectées en dépit du Tenofovir".
Si elle se montre efficace, cette nouvelle méthode de lutte contre le sida pourrait permettre de réduire la propagation du virus, particulièrement virulente en Afrique sub-saharienne, où 60% des personnes infectées sont des femmes.
"Il ne faut pas non plus oublier que, parallèlement, la recherche d’un vaccin continue. rappelle Laurence Weiss. Des études viennent d’ailleurs de mettre en évidence des anticorps efficaces contre le VIH. Tout cela est très prometteur, mais il ne faut pas s’enflammer, la route est encore longue."