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Six mois après le séisme, Haïti attend toujours la reconstruction

Six mois après le séisme qui a détruit l'île, les milliards de dollars promis par la communauté internationale ne se traduisent toujours pas en projets concrets. Les Haïtiens perdent patience.

AFP - Six mois après le séisme qui a ravagé leur pays, faisant plus de 250.000 morts et 1,5 million de sinistrés, les Haïtiens s'impatientent de voir les milliards de dollars promis par la communauté internationale se traduire en projets concrets.

"On ne voit pas beaucoup de perspectives, on ne voit pas les moyens de la reconstruction. Est-ce que l'argent promis par la communauté internationale va arriver? Est-ce qu'il arrivera jamais?", s'interroge Madame Franck Paul, ancienne maire de Port-au-Prince.

Dans les rues de cette ville ou sous les tentes, l'impatience est grandissante face à la lenteur de la reconstruction, notamment pour les centaines de milliers de personnes qui vivent toujours dans des abris provisoires.

"Quand on nous a demandé de venir dans ce camp, on nous avait promis des maisons... où sont-elles?", se demande Jean-Auguste Petit-Frère tout en désignant un modèle d'habitation érigé par une firme jamaïcaine évalué à 15.000 dollars l'unité.

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Haiti : l'espoir de la reconstruction

"Je ne peux plus continuer à vivre sous une tente où il faut chaud le jour comme la nuit. Qui va me payer cette maison, à qui dois-je m'adresser?", renchérit Maxène Gabriel, dont l'habitation gravement endommagée lors du séisme est jugée inhabitable par les autorités.

Selon l'ONU, près de 4.000 maisons de 18 mètres carrés ont été construites dans le cadre d'un premier projet qui en prévoit 10.000.

La Croix-Rouge française qui promet de bâtir 30.000 maisons transitionnelles en collaboration avec la Croix-Rouge américaine vient de lancer les travaux pour 500 habitations dans un village à l'est de la capitale.

"Cela prendra du temps pour reloger les 1,5 million de sans-abri disséminés à travers un millier de camps. L'Etat doit trouver des terrains pour 90% des sinistrés qui étaient des locataires", explique un fonctionnaire de l'ONU.

"J'ai l'impression que la communauté internationale nous mène en bateau. Après les nombreuses promesses, rien n'a été fait", lâche de son côté le romancier Gary Victor, qui se dit perplexe et surtout désolé de voir que le gouvernement haïtien n'a rien proposé de concret.

"On ne peut rien attendre de l'élite politique d'Haïti pour qui le mot +reconstruction+ ne veut rien dire", ajoute le jeune écrivain.

Les Haïtiens ne semblent pas attendre beaucoup de leurs dirigeants jugés dépassés par l'ampleur de la catastrophe qui a ravagé le 12 janvier ce pays des Caraïbes.

"Le président et le gouvernement sont absents: la gestion des affaires est confiée aux étrangers et aux organisations non gouvernementales", juge un chauffeur public coincé dans un des bouchons caractéristiques de la situation à Port-au-Prince où des tonnes de débris de maisons détruites jonchent encore les rues.

Le président René Préval a promis récemment d'aborder prochainement les problèmes de la reconstruction, de la lenteur des actions et du manque de leadership qu'il se voit reprocher.

"Je vous promets des documents sur la reconstruction dont les manettes sont confiées au Premier ministre Jean-Max Bellerive et à l'ancien président (américain) Bill Clinton", a-t-il déclaré à des journalistes.

Trois mois après une conférence internationale qui s'est déroulée à New York et au cours de laquelle la communauté internationale a promis plus de 10 milliards de dollars sur 5 ans à Haïti, très peu d'argent est parvenu à Haïti.

"C'est le travail que fera l'envoyé spécial de Ban Ki-moon, Bill Clinton: convaincre les bailleurs de verser les fonds promis", a rappelé Nigel Fischer coordonnateur humanitaire de l'ONU en Haïti.