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Demi-finale au parfum de revanche entre l'Allemagne et l'Espagne

Toutes deux finalistes de l’Euro-2008, la Mannschaft et la Roja se retrouvent, ce soir, en demi-finale de la Coupe du monde de football. Une rencontre qui s’annonce explosive entre deux des équipes les plus joueuses du tournoi.

Sur le papier, le duel entre la Mannschaft et la Roja aurait dû être le choc des opposés. D’un côté, l’Allemagne, traditionnellement solide, peu flamboyante, mais plus efficace que n’importe quelle autre sélection. De l’autre, l’Espagne, fantasque, éternelle pourvoyeuse de beau jeu mais également de désillusions pour ses supporters.

Mais ces dernières années, les deux effectifs ont finalement convergé vers une philosophie de jeu similaire. L'Allemagne a retrouvé de l'allant offensif et l'Espagne a fini par concrétiser ses belles promesses et a, pour la première fois de son histoire, atteint les demi-finales d'un Mondial.

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Explications de la correspondante à Madrid
Demi-finale au parfum de revanche entre l'Allemagne et l'Espagne

Déjà en 2008, lors de la finale de l’Euro, le schéma avait commencé à s’effriter. La Roja, très appliquée, s’était adjugée le titre continental face à une Mannschaft expérimentée mais maladroite (1-0).

Depuis cette désillusion, le football allemand a fait sa révolution. La majorité des cadres de la génération 2006-2008, marqués par les deux finales perdues en Allemagne (Mondial-2006) puis en Autriche (Euro-2008), a laissé place à la nouvelle génération. Jamais depuis 1934 la Mannschaft n’avait présenté un effectif aussi jeune (24,9 ans de moyenne d’âge).

À l’inverse de ses aînés, l’Allemagne version 2010 est tournée vers l’avant et revendique beaucoup d’ambition dans le jeu. Le scepticisme – alimenté aussi par le forfait sur blessure de Ballack – a vite été remplacé par l’enthousiasme.

Sur le plan comptable, cette révolution est incontestable. Avec 13 buts marqués depuis le début de la compétition, la sélection de Joachim Löw pointe en tête du classement des meilleures attaques. Et lors de ses deux dernières confrontations, elle a littéralement atomisé ses adversaires (4-1 face à l’Angleterre en huitième, puis 4-0 contre l’Argentine en quart).

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"BEAUCOUP DE RESPECT"

À l’image de Bastian Schweinsteiger, l’ensemble de l’effectif allemand évolue tout près de son meilleur niveau. Dans l’entrejeu, Philipp Lahm a prouvé que sa justesse de passe et sa « vista » compensait largement son gabarit poids-plume. Une justesse particulièrement mise en valeur par le travail d’Oezil, de Podolski et de l’électron libre Jerome Boateng, virevoltant depuis le début du tournoi.

Les extrémités du collectif allemand n’ont pas non plus à rougir face à la densité de l’entrejeu. Dans les buts, Neuer a prouvé qu’il était plus qu’apte à tenir les bois, malgré le scepticisme né du forfait de René Adler sur blessure. Et à l’autre bout du terrain, le vétéran Miroslav Klose – 4 buts – n’a jamais paru aussi dangereux que ces dernières semaines. S’il marque face à l’Espagne, il détrônera le Brésilien Ronaldo, détenteur du record de buts marqués en Coupe du monde avec 15 réalisations.

Seul point noir pour l’Allemagne, la suspension du prodige Thomas Müller, véritable poison pour les défenses depuis la mi-juin.

La Roja moins "Furia" qu’en 2008

Pour l’Espagne, l’équation est toute autre. Jamais dans l’histoire de la Coupe du Monde la sélection ibérique n’était parvenue à atteindre le dernier carré de la compétition. Mais en Espagne, une défaite en demi-finale sonnerait comme un retentissant échec.

À l’image de la France à la fin des années 1990, la Roja nage en plein âge d’or. Depuis novembre 2006, la sélection de Vicente del Bosque a disputé 53 matches pour seulement deux défaites. Un bilan auréolé d’une victoire à l’Euro-2008, 44 ans après son dernier succès en compétition internationale.

Deux ans plus tard, l’Espagne reste l’une des meilleures équipes du monde. Si la transmission du ballon entre les lignes a perdu un peu de sa vitesse, le jeu de la Roja est toujours aussi léché et la sélection ibérique parvient à confisquer le ballon aussi bien qu’auparavant.

Même la crise de confiance que l’on aurait pu craindre après la défaite face à la Suisse (1-0) en ouverture du tournoi n’a pas eu lieu. Mais les difficultés rencontrées face aux Helvètes n’ont pas été réglées pour autant.

Derrière le mutisme de Fernando Torres, qui n’est que l’ombre de lui-même depuis le début du Mondial, c’est l’efficacité de toute l’équipe qui est pointée du doigt. En tout et pour tout, l’Espagne n’a trouvé le chemin des filets qu’à six reprises en cinq rencontres.

La seule lueur d’espoir côté offensif se nomme David Villa. Le néo-Barcelonais, galvanisé par l’officialisation de son transfert, a inscrit cinq des six réalisations de son équipe et a plus que convaincu dans le jeu.

Mais s’il a, pour le moment, porté l’Espagne à bout de bras, difficile de l’imaginer tenir à lui seul la "casa" jusqu’au titre. Et c’est justement là que se trouve la clé pour l’Espagne. Les cadres que sont Xavi, Iniesta et Xabi Alonso réalisent une Coupe du Monde 2010 solide, mais la "grinta" qui les habitait en 2008 semble avoir été inhibée par une saison éreintante.

Et face à l’Allemagne de Löw, l’Espagne devra retrouver son mordant si elle veut poursuivre sa marche vers un tout premier titre mondial. Pour la génération Iniesta, arrivée à maturité, c’est peut-être la dernière chance de corriger l’une des plus surprenantes anomalies du football.