
Le candidat libéral Bronislaw Komorowski, président par intérim depuis le décès de Lech Kaczynski, a été élu avec 53,01% des voix dimanche au second tour de la présidentielle. Il devance le frère jumeau de son prédécesseur, Jaroslaw Kaczynski.
AFP - Le conservateur Jaroslaw Kaczynski a perdu l'élection présidentielle en Pologne au bénéfice du libéral Bronislaw Komorowski mais, loin de se considérer comme vaincu, il songe déjà à la victoire aux prochaines municipales et législatives.
A l'issue d'une course très serrée, M. Komorowski a recueilli 53,01% des voix contre 46,99% pour le candidat du parti nationaliste eurosceptique Droit et Justice (PiS), selon des résultats définitifs publiés lundi après-midi.
Jaroslaw Kaczynski a cependant réussi à rattraper près de 20 points d'écart qui le séparaient de son rival au départ de la campagne électorale en avril, lancée après la mort de son frère jumeau, le président Lech Kaczynski, dans un accident d'avion en Russie.
Jaroslaw "Kaczynski a remporté un succès inouï. Il a réussi à réunir environ huit millions de voix. Et c'est le même Kaczynski dont les Polonais se méfiaient encore tout récemment. C'est un capital de taille pour son parti" en vue des élections à venir, soulignait lundi le quotidien Gazeta Wyborcza.
"Il est de notre devoir de profiter de cette force. Il faut continuer à changer la Pologne. Des élections municipales et parlementaires nous attendent (respectivement à l'automne prochain et un an plus tard). Il faut rester mobilisés", a lancé à ses électeurs Jaroslaw Kaczynski dès l'annonce des scores retenus par les sondages de sortie des bureaux de vote.
"Gagner et se reposer sur ses lauriers c'est perdre; perdre et ne pas se laisser vaincre est une victoire", a-t-il affirmé en citant une expression du père de l'indépendance polonaise en 1918, le maréchal Jozef Pilsudski.
"Le PiS est dans une phase d'offensive. Nous allons voir pendant combien de temps il réussira à préserver la mobilisation de ses électeurs", a déclaré à l'AFP Stanislaw Mocek, politologue de l'Académie polonaise des sciences.
Tout au long de la campagne électorale, Jaroslaw Kaczynski s'est efforcé de se montrer totalement changé par la catastrophe aérienne dans laquelle il a perdu son frère et nombre de ses plus proches amis et collaborateurs.
Il a tenté de faire oublier son style intransigeant, son art de diviser et les blocages répétés des institutions européennes qui ont marqué le temps où il était le Premier ministre de son frère, de juillet 2006 à novembre 2007.
Cependant, estime Eryk Mistewicz, spécialiste en marketing politique, "son score, c'est le maximum qu'il a pu obtenir grâce à cette attitude" nouvelle.
"Le résultat du scrutin a été dicté par un mouvement de coeur des Polonais, une forme de soutien à Jaroslaw Kaczynski et non pas au programme des conservateurs", a-t-il déclaré à l'AFP.
"Il lui sera extrêmement difficile de préserver cette mobilisation. S'il continue à être aussi modéré, son électorat va se désactiver", juge M. Mistewicz.
D'autant plus, remarque-t-il, que les élections municipales suivent leurs propres logiques locales souvent indépendantes de la ligne de tel ou tel parti.
"Seul un retour au thème de l'accident de l'avion présidentiel, provoqué, par exemple, par de nouvelles révélations sur les causes de cette catastrophe, pourrait encore mobiliser ses électeurs", dit-il.
Jaroslaw Kaczynski semble en avoir bien conscience.
"Je voudrais pour le moment remercier ceux grâce auxquels nous sommes ici: mon frère et tous ceux qui sont morts dans la catastrophe de Smolensk", a déclaré M. Kaczynski dimanche soir juste après l'annonce des scores des sondages.
"Un mouvement est né de leur mort en martyrs, qui a conduit au résultat de ce jour", a-t-il affirmé.