Peut-on arrêter la Nationalmannschaft ? Après avoir fait imploser l’Angleterre en huitièmes, humilié l’Argentine en quarts en marquant à chaque fois quatre buts, l’Allemagne vise plus que jamais le titre mondial.
Elle a commencé son Mondial en corrigeant l’Australie 4-0, elle s’est brillamment débarrassée de l’Argentine 4-0, en quarts. L’Allemagne, qui défiera l’Espagne, mercredi prochain en demi-finale, séduit et impressionne. Il s’agira de sa douzième apparition dans le dernier carré, sur dix-sept participations en Coupe du monde. Un chiffre éloquent qui force le respect. "Ce qu'ils ont réalisé contre l'Argentine, je ne l'avais jamais vu ni vécu même durant ma carrière de joueur", a reconnu à l’issue du match le manager général de l'équipe d'Allemagne Oliver Bierhoff.
Jeu collectif
Le jeu direct, dynamique, et terriblement efficace proposé par les hommes de Joachim Löw est irrésistible. À aucun moment l’armada offensive argentine menée par Leo Messi, samedi, n’a donné l’impression de pouvoir déstabiliser l’arrière-garde germanique. Une impuissance qui a rappelé
le calvaire vécu par l’Angleterre, étrillée 4-1 en huitièmes. Car même si les joueurs allemands sont résolument tournés vers l’offensive et le jeu de contre, la rigueur défensive légendaire de la "Nationalmannschaft" est toujours de mise. Pour produire ce jeu collectif supersonique, l’Allemagne s’appuie sur une solide assise défensive et sur deux sentinelles devant la défense, dont Bastian Schweinsteiger. Le milieu du
Bayern Munich est au sommet de son art depuis qu'il a été replacé dans l'axe. À 25 ans, il fait déjà office de taulier au sein de cette équipe. Le football fluide pratiqué par l'Allemagne existe depuis l’ère Jürgen Klinsmann, qui avait mené l’équipe en demi-finale du Mondial-2006. Une stratégie admirablement poursuivie par son adjoint d’alors, et sélectionneur actuel, Joachim Löw.
Jeunesse dorée
Les 23 joueurs allemands qu’il a retenus composent la plus jeune équipe allemande depuis 1934 avec une moyenne d'âge de 24,9 ans. Tous évoluent en Bundesliga, un championnat spectaculaire et prolifique en buts. Privé de certains cadres comme Michael Ballack, le sélectionneur a misé, avec succès, sur
des jeunes pousses venues de divers horizons tels que Mesut Özil, Jerome Boateng, Sami Khedira ou encore Manuel Neuer. Ces derniers, tous titulaires contre l’Argentine, avaient conquis le
championnat d'Europe des moins de 21 ans l'année dernière. Une jeunesse dorée à laquelle il faut ajouter une des révélations du Mondial, Thomas Müller. À 20 ans, le compère de Lukas Podolski et Miroslav Klose sur le front de l’attaque, est déjà incontournable. Auteur de 4 buts depuis le début de la compétition, impliqué dans la majorité des 13 buts allemands inscrits en Afrique du Sud et exemplaire en termes d’engagement, il sera suspendu contre la Roja. Mais le banc allemand, riche de talents, permettra de compenser cette absence sans modifier l’équilibre de l’équipe.
Löw : "le trophée est maintenant à notre portée"
La prestation de ses joueurs face à l’Argentine a logiquement nourri l’ambition de Löw. "Il reste deux matches à jouer. Le trophée est maintenant à notre portée", a-t-il reconnu samedi. "C'est naturel après un tel match de rêver. On a une très bonne équipe, on peut penser au titre", a renchéri le capitaine de l'équipe, Philipp Lahm. L'Allemagne n'a plus remporté la Coupe du monde depuis vingt ans, en 1990, après ses deux sacres de 1954 et de 1974. Face à l’Espagne, la "Nationalmannschaft" aura également l’occasion de prendre sa revanche
de la finale de l’Euro-2008 perdue 1-0, à Vienne. Après avoir écrasé deux anciens champions du monde, l’Argentine et l’Angleterre, plus rien n’est impossible pour les Allemands…