C'est un classique de l'histoire du football. Comme un parfum de revanche, le choc entre l'Allemagne et l'Argentine, en quarts de finale du Mondial-2010, oppose deux équipes qui visent le titre suprême.
REUTERS - Arrivés en Afrique du Sud entourés de doutes sur son collectif pour l'un, son niveau réel pour l'autre, Argentine et Allemagne semblent au meilleur de leur forme au moment de se retrouver samedi en quart de finale de la Coupe du monde. Ce match entre des nations qui comptent cinq titres mondiaux à elles deux est un classique qui renvoie à l'histoire de la compétition, dont l'ultime page a engendré une guerre des mots.
Se souvenant de l'échauffourée qui avait marqué la fin de leur quart de finale il y a quatre ans, les joueurs allemands ont préparé le terrain, accusant les Argentins de manquer de respect, d'être provocateurs et mauvais perdants.
Le sélectionneur de l'Albiceleste, Diego Maradona, n'était pas en Allemagne quand son pays s'était incliné aux tirs au but.
Mais ce match qui sent la poudre, a-t-il dit, doit être celui de la revanche.
Lorsque l'Argentine est allée se faire marcher dessus en Bolivie 6-1 lors des éliminatoires de la zone Amérique du Sud, quand elle a perdu à l'aller comme au retour face au Brésil et au Paraguay, personne ne donnait cher de sa peau.
Les supporters étaient exaspérés et les choix de Maradona, de joueurs comme tactiques, posaient question. Les ciel et blanc se sont qualifiés pour le tournoi puis un match amical contre l'Espagne, en novembre, les a rappelé à leurs faiblesses.
L'Albiceleste n'était alors pas un des grands favoris du Mondial. Mais depuis, en dépit du grain de folie de leur technicien - ou grace à lui ? -, les Argentins ont enchaîné neuf victoires et à cette heure, tout le monde veut les éviter.
Diego Maradona, héros du sacre de 1986 face à l'Allemagne, a formé une équipe heureuse, équilibrée et se montre efficace dans sa gestion humaine. Illustration avec Lionel Messi, dont "El Diez" a sans cesse loué la contribution à l'oeuvre collective malgré des difficultés manifestes sous le maillot national.
Le prodige du FC Barcelone a été une menace constante pour les adversaires de l'Argentine au Mondial et, s'il n'a pas encore marqué, il a déclenché la plupart des mouvements conclus par Gonzalo Higuain ou Carlos Tevez, auteurs de six des dix buts inscrits par la meilleure attaque du tournoi.
UN MATCH DE CARACTÉRIELS
Sur le terrain, Jonas Gutierrez pourrait prendre la place d'Angel di Maria à gauche afin de chercher davantage de jeu dans la largeur, et Juan Sebastian Veron, revenu en forme, pourrait être à nouveau associé à Javier Mascherano dans l'entre-jeu.
"Nous devons tenter de trouver la meilleure équipe, l'équipe 'de gala' pour jouer contre l'Allemagne", a dit Maradona.
Guide du triomphe de 1986, lorsqu'il mettait les défenses au supplice, Maradona portait également le brassard de capitaine en 1990, date de la revanche allemande en finale et du troisième titre mondial de la NationalMannschaft.
Mais dans les esprits ne reste aujourd'hui que le quart de finale de Berlin, en 2006, qui avait vu staffs et joueurs en venir aux mains à l'issue d'un match houleux.
Tour à tour, Bastian Schweinsteiger et son capitaine, Philipp Lahm, ont soufflé sur les braises cette semaine.
"Si vous voyez comment ils gesticulent, comment ils essaient d'influencer l'arbitre (...) ça ne fait pas partie du jeu, c'est un manque de respect", a dit le premier mercredi. Le lendemain, le second a dépeint des joueurs "caractériels" et "impulsifs".
Ces propos trahissent la confiance d'une équipe allemande qui ne redoute personne, malgré sa jeunesse.
Une cascade de blessures a décimé la sélection avant le tournoi, la privant notamment de son capitaine Michael Ballack, et le sélectionneur Joachim Löw a dû revoir ses plans.
Il a confié les rênes de l'équipe à de jeunes joueurs qui se sont inscrits dans la grande tradition de l'Allemagne, toujours présente dans les grands rendez-vous: depuis son premier titre en 1954, elle va toujours en quart de finale au minimum.
Pour le défenseur latéral Philipp Lahm, cette sélection est la meilleure dans laquelle il ait joué.
En attaque, Miroslav Klose apporte sa ruse et son expérience que couronneront samedi une centième cape. A ses côtés, Lukas Podolski et Thomas Müller amènent technique et fraîcheur. Et derrière eux, Mesut Özil se révèle un maître à jouer de talent.
Quant à Joachim Löw, il a démontré son savoir-faire tactique face à l'Angleterre, foudroyée par deux contre-attaques éclairs qui ont mis fin à tout suspense en huitième de finale (4-1).
Le technicien dit avoir préparé quelque chose pour battre l'Argentine samedi au Cap et gagner le droit d'affronter l'Espagne ou le Paraguay en demi-finale.
"Je m'attends à un match incroyablement serré dans la mesure où nous ne pouvons pas nous permettre de faire la moindre erreur vu le nombre de joueurs capables de marquer qu'ils ont. Mais l'Argentine peut être touchée. Nous trouvons les détails de leurs faiblesses", a-t-il prévenu.