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Les Bleus de retour en France, Thierry Henry reçu à l'Élysée

Dès le retour en France des Bleus, Thierry Henry a été reçu par le président Nicolas Sarkozy. À l'issue de l'entretien, le joueur est parti sans faire de commentaire. Aucune information n'a non plus filtré du côté de l'Élysée.

AFP - Nicolas Sarkozy, qui s'est emparé du dossier de la reconstruction de l'équipe de France de football après sa débâcle au Mondial, a reçu jeudi à l'Elysée l'attaquant vedette Thierry Henry, hors de vue de la presse tenue à distance comme pour le retour des Bleus sur le sol français.

Vers 11h50, un avion jaune et bleu de la compagnie Europe Airpost, transportant une bonne partie des joueurs et de l'encadrement, s'est posé sur la piste du Bourget (Seine-Saint-Denis).

Là, Thierry Henry a embarqué dans un monospace sombre de la présidence pour rejoindre trois quarts d'heure plus tard l'Elysée par une porte dérobée, alors qu'une centaine de journalistes et photographes était massée devant l'entrée principale.

Le parcours de la voiture, escortée par des motards, a été couvert en direct par les chaînes d'information en continu, preuve de l'engouement médiatique pour ce fiasco sportif suivi d'une vague planétaire de sarcasmes.

L'équipe de France a été éliminée au premier tour du Mondial sans aucune victoire et avec un seul but marqué, un "désastre", a dit le chef de l'Etat lui-même.

"On verra ce qu'il veut me dire"

Selon l'Elysée, rien ne devait filtrer - du moins côté présidence - de ses discussions d'ordre "privé" avec le joueur du FC Barcelone, le plus "capé" (122 sélections) et le plus prolifique (51 buts) de la sélection tricolore, simple remplaçant lors des trois matches. Vers 15h00, la présidence avait coupé toute communication sur le sujet.

Dans la matinée, lors du petit-déjeuner hebdomadaire de la majorité à l'Elysée, Nicolas Sarkozy a répété que ce rendez-vous avait été fixé "à la demande" du joueur.

"On verra ce qu'il veut me dire. Si je ne m'occupe pas de ce problème, on me le reprochera mais on n'a pas vocation à intervenir en permanence sur ce dossier", a ajouté le président, dont les propos ont été rapportés à l'AFP par l'un des participants.

Dans leur ouvrage "Sarkozy côté vestiaires" (Plon), les journalistes Bruno Jeudy et Karim Nedjari expliquent qu'au lendemain de la finale de la Ligue des champions 2009, remportée par le FC Barcelone où jouait Henry, Nicolas Sarkozy lui avait téléphoné pour lui dire: "Vous incarnez la France qui gagne. Il faut que vous veniez me voir à l'Elysée. Nous devons aider ce pays à sortir de sa torpeur" et "changer les mentalités".

Critiques à gauche

Outre l'élimination au premier tour, l'entretien devait porter selon toute vraisemblance sur la fronde inédite des joueurs contre l'encadrement - qui s'est traduite par un refus de s'entraîner - après l'exclusion de Nicolas Anelka du groupe pour des insultes proférées envers Raymond Domenech.

Depuis la Russie, le chef de l'Etat avait dénoncé samedi des insultes "inacceptables" de l'attaquant français. Mercredi, il a annoncé la tenue à l'automne d'états généraux du football français.

Ce rendez-vous présidentiel de jeudi a suscité une volée de critiques à gauche, où certains ont accusé Nicolas Sarkozy d'en faire trop sur le dossier du football en pleine journée d'action contre la réforme des retraites.

Cécile Duflot (Verts) a jugé "inconvenant de voir le président négliger les inquiétudes qui pèsent sur le quotidien et l'avenir des Français pour concentrer ses efforts et sa +détermination+ sur des sujets qui dépendent de ses ministres".

Nicolas Sarkozy "n'a qu'à s'occuper des contrôles antidopage sur le Tour de France pendant qu'il y est", a ironisé Daniel Cohn-Bendit (Europe Ecologie).

"Moi j'aime beaucoup Thierry Henry, a dit Benoît Hamon (PS), tout autant amateur de ballon rond que le chef de l'Etat, mais, objectivement, je pense qu'il y avait d'autres priorités aujourd'hui".