Georges Cravenne avait créé en 1975 l'Académie des arts et techniques du cinéma qui décerne les César. Il est mort samedi à l'âge de 94 ans. L'Élysée regrette la disparition "d'une grande figure de la promotion du cinéma français".
AFP - Georges Cravenne, le créateur des César du cinéma et l'un des pionniers des relations publiques en France, est mort samedi à Paris à l'âge de 94 ans, a-t-on appris auprès de sa famille.
Georges Cravenne, né Joseph, Raoul Cohen le 24 janvier 1914 à Kairouan (Tunisie), avait créé en 1975 l'Académie des arts et techniques du cinéma, qui devait décerner dès l'année suivante les César pour le meilleur film, meilleur acteur... Il en était resté secrétaire général jusqu'à l'âge de 90 ans.
Il avait également mis en scène, pour l'Association Professionnelle et Artistique du Théâtre, les premiers Molières du théâtre, puis Les 7 d’Or pour les producteurs de la télévision.
Georges Cravenne, a déclaré à l'AFP son fils, François-David Cravenne, a été "un pionnier des relations publiques", les créant en France. Il a ainsi organisé de grandes soirées de promotion dans les années 1950-1960, dont l’inauguration de l’Odéon-Théâtre de France, en présence du Général de Gaulle, ou un gala exceptionnel à l'Opéra où il a fait chanter pour la première fois à Paris la Callas.
Par ailleurs, il lancera la grande majorité des films de Renoir, René Clair, Clouzot, Ophuls, Preminger, Verneuil, Gabin, Bardot ou Montand-Signoret. "Il a lancé tous les grands film des années 1950, 60, 70 comme La Grande Vadrouille ou Le Corniaud", a rappelé son fils.
Georges Cravenne avait débuté dans le journalisme en 1935 à Ciné-Magazine, dont Marcel Carné était rédacteur en chef. Il travaillera ensuite à Paris-Soir avec Pierre Lazareff, où il crée la rubrique cinéma.
Après la guerre, il sera l'un des acteurs de la réhabilitation du Lido, le cabaret des Champs Elysées, avant de créer la première agence de relations publiques et de devenir l'ami du "tout-Paris".
"Avec la disparition de Georges Cravenne, le monde du cinéma perd l'un de ses grands amis, (...) une des grandes figures de la promotion du cinéma français, tant en France qu'à l'étranger, (...) un amoureux des arts et des médias", a souligné dans un communiqué l'Elysée.
La ministre de la Culture, Christine Albanel, a salué pour sa part l’une des "figures tutélaires" du cinéma français, "un très grand professionnel qui a joué un rôle déterminant dans (son) rayonnement", notamment avec le "formidable élan (...) apporté" par les César.
Il disait avoir été obsédé depuis l'âge de 13 ans par les Oscars d'Hollywood. "(...) L'idée de créer un équivalent français a germé en moi, jusqu'au jour où le nom de mon ami César, sculpteur de génie, s'est imposé à moi et sa sculpture avec lui. Oscar, César, cinq lettres qui rimaient à tel point que la naissance du second était devenue évidente", racontait-il.
"Ils resteront certainement la chose la plus importante que j’ai réalisée, le don que j’aurai fait à la profession. J’en suis fier: ils me survivront", affirmait-il encore.
L'Académie des Arts et Techniques du Cinéma a salué dans un communiqué la mémoire de son "père-fondateur et président d'honneur", "homme de passion et d'engagement".
Sa troisième femme, Danielle Batisse, avait défrayé la chronique en 1973 en voulant détourner un avion sur l'aéroport de Marseille. Elle avait été tuée dans l'appareil par un tireur d'élite de la brigade d'intervention. Georges Cravenne avait intenté un procès à l'Etat français, mais avait été débouté.
Georges Cravenne avait été élevé à la dignité de Grand officier de la Légion d'honneur par le président Nicolas Sarkozy en 2008.
Il sera inhumé mercredi au cimetière du Montparnasse, a précisé son fils.
L'Académie des Arts et Techniques du Cinéma lui rendra un hommage lors de la 34ème Cérémonie des César, qui aura lieu le 27 février.