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Secret bancaire : qui en veut à la Suisse?

UBS, HSBC... ces affaires juridico- financières ont défrayé la chronique. Qui veut la peau du secret bancaire suisse ? Le Journal de l’Intelligence économique a enquêté. Et il ne s’agit pas d’une croisade morale contre la Suisse mais d’une féroce guerre économique entre les banquiers helvètes et les trusts anglo-saxons.

Depuis quelques temps les attaques contre la Suisse se multiplient. Premier scandale en date : l’affaire UBS. De 2001 à 2007, la justice américaine traque les évadés fiscaux et incrimine la plus grande banque de gestion de fortune d’aider ces délinquants. Après enquête, l'Internal Revenue Service (IRS), exige que la banque suisse lui livre tous les noms des fraudeurs américains. L’américain Bradley Birkenfeld, ex-employé de l’UBS à Genève, est inculpé. Lors de son jugement il plaide coupable et décide de coopérer avec la justice américaine pour bénéficier de la clémence du tribunal.

En 2006, Hervé Falciani, est employé de la banque HSBC. Il est préposé au « data-maning », l’extraction de connaissances utiles à partir de grosses bases de données. Il a donc accès à des milliers de données bancaires des clients de la banque. Il stocke alors de nombreuses informations sensibles : plus de 130 000 comptes-clients appartenant à des ressortissants issus de nombreux pays.

Falciani s’envole un beau jour au Liban, son ordinateur sous le bras. Le 20 janvier 2009 de retour en France, Falciani est arrêté par les gendarmes, il est accusé par la justice suisse de "présomption de service de renseignements économiques", de "soustraction de données" et de "violation du secret commercial et bancaire". Ce jeune loup de la finance a-t-il essayé de commercialiser ces fichiers ? Voulait-il aider l’Etat français à coincer quelques évadés fiscaux ? Le Procureur Montgolfier a pris le parti de croire cet homme au regard vif.

Réparateur de torts de la finance ou pas, le mal est fait. L’informaticien franco-italien a causé une crise diplomatico-financière sans précédent entre la Suisse et la France.
Affaire UBS, affaire Falciani, s’en est trop pour le secret bancaire suisse qui vit ses derniers jours.

Mais à qui profite sa fin ? Aux trusts anglo-saxons ? C’est en tout cas la thèse défendue par Myret Zaki, dans son livre «Le secret bancaire est mort, vive l’évasion fiscale» (Favre édition). Pour la journaliste suisse les principales places financières rivales de la Suisse - à savoir le Royaume-Uni et ses juridictions annexes ainsi que les Etats-Unis et les Caraïbes – ont largement profitées de la situation pour signer l’arrêt de mort du secret bancaire helvète. Ce qui fragilise la place bancaire suisse et laisse apparaître les trusts anglo-saxons comme le dernier recours pour protéger l’argent des grandes fortunes.