Cinq jours après l'assaut meurtrier contre une flottille d'aide à Gaza, la marine israélienne file le navire irlandais Rachel-Corrie dont l'équipage a ignoré les ordres de se dérouter vers le port d'Ashdod et entend forcer le blocus de Gaza.
AFP - Le cargo d'aide Rachel Corrie tentait samedi d'atteindre la bande de Gaza, en dépit des menaces d'abordage de la marine israélienne, après avoir refusé de se dérouter vers le port israélien d'Ashdod (sud), a affirmé l'armée israélienne.
"Nos soldats vont monter à votre bord si vous refusez de vous dérouter", a déclaré la porte-parole de l'armée Avital Leibovich, dans un message radio adressé au navire, cinq jours après un assaut sanglant sur une flottille internationale en route pour le territoire palestinien.
Selon l'armée israélienne, le cargo, affrété par une organisation pro-palestinienne irlandaise, a refusé à trois reprises d'obtempérer aux ordres radio lui enjoignant de se détourner de sa route.
"Nous avons signifié à plusieurs reprises aux responsables du bateau qu'ils devaient se rendre au port d'Ashdod et qu'il y a un blocus de la bande de Gaza, mais ils ont ignoré nos appels et poursuivent leur route vers Gaza", a indiqué à l'AFP une porte-parole militaire.
"Nous allons continuer à les appeler à se dérouter, mais de toute façon nous ne leur permettrons pas de se rendre à Gaza", a ajouté la porte-parole, sans autre précision.
Les autorités israéliennes ont affirmé à plusieurs reprises qu'elles entendaient interdire l'accès du port de Gaza à ce cargo.
L'enclave de 362 km2, où s'entassent 1,5 million de Palestiniens, est soumise à un blocus israélien, renforcé en juin 2007 après la prise du pouvoir par la force du mouvement islamiste Hamas au détriment du Fatah du président palestinien Mahmoud Abbas.
Israël a assuré vendredi n'avoir "aucun désir de confrontation" et a demandé aux organisateurs d'accoster à Ashdod, au sud de Tel-Aviv, pour décharger la cargaison.
De son côté, le comité d'accueil palestinien qui attend le navire à Gaza a indiqué que le cargo avait été intercepté sans violences à environ 35 milles au large de Gaza. La zone d'exclusion de la bande de Gaza est de 20 milles nautiques (37 km).
"Plusieurs bateaux israéliens ont entouré le Rachel Corrie dans une zone située entre 30 et 35 milles au large et l'ont empêché d'atteindre Gaza", a précisé un porte-parole du comité d'accueil, Amjad al-Shawa.
"Ils essaient d'emmener le navire peut-être à Ashdod ou ailleurs", a ajouté M. Shawa, qui a eu une conversation téléphonique avec le Rachel Corrie avant que "les communications ne soient complètement coupées".
Selon la radio publique israélienne, au moins trois vedettes de la marine israélienne escortaient le cargo dans une zone située entre 30 et 35 milles au large du littoral méditerranéen, dans les eaux internationales.
La radio a confirmé que les communications avec le navire avaient été coupées après avoir réussi à contacter un responsable du bateau qui a déclaré: "nous poursuivons notre route".
Interrogé par l'AFP, un porte-parole du ministère irlandais des Affaires étrangères a pour sa part déclaré: "Nous sommes en contact constant avec les autorités israéliennes (...) D'après ce que nous comprenons, les troupes israéliennes sont à côté du Rachel Corrie, mais ne sont pas encore montées à bord".
A Dublin, un porte-parole de l'organisation irlandaise Campagne de solidarité Irlande-Palestine (IPSC) a expliqué à l'AFP avoir pu joindre les personnes à bord du cargo vers 02H15 GMT, via un téléphone satellitaire.
"Ils étaient suivis par des navires israéliens. Leurs radars étaient brouillés mais les téléphones par satellite fonctionnaient", a-t-il raconté.
Transportant 15 personnes, de nationalité irlandaise et malaisienne, ainsi qu'un millier de tonnes d'aide, selon les organisateurs, le Rachel Corrie devait initialement faire partie de la flottille humanitaire internationale arraisonnée lundi.
Parmi les passagers, se trouvent l'Irlandaise Mairead Maguire, 66 ans, prix Nobel de la paix et un ex-haut responsable de l'ONU, Denis Halliday.
Lundi avant l'aube, des commandos de marine israéliens avaient lancé, dans les eaux internationales, un raid contre une flottille humanitaire internationale acheminant plusieurs centaines de militants pro-palestiniens et des tonnes d'aide vers Gaza.
Ce raid a fait neuf tués, des civils turcs, et des dizaines de blessés parmi les passagers. L'incident a plongé Israël, condamné de toutes parts, dans une grave crise diplomatique et suscité la colère de la Turquie.