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Nice, le sommet d’une nouvelle ère ?

, envoyé spécial à Nice – Le monde de l’entreprise participe, aux côtés des chefs d’État et de gouvernement africains, au 25e sommet Afrique-France qui se tient à Nice. Une première pour cette grand-messe franco-africaine d’ordinaire plus politique qu’économique.

Nice ne déroule pas le tapis rouge qu’aux chefs d’Etat et de gouvernement africains. Près de 250 dirigeants d’entreprises, dont 150 venus d’Afrique, ainsi que plusieurs représentants d’organisations syndicales, ont été officiellement invités à prendre part au 25e sommet Afrique-France qui se tient ces lundi et mardi à Nice. En marge des réunions et débats organisés durant ces deux jours, les opérateurs économiques auront pour mission de se pencher sur le rôle du secteur privé dans le développement du continent noir. Une première dans l’histoire de cette traditionnelle grand-messe habituellement consacrée aux questions exclusivement politiques.

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LE FOCUS DE FRANCE 24

Chantre de la "rupture", le président français, Nicolas Sarkozy, s’est plusieurs fois engagé à rénover les relations pour le moins décriées entre Paris et l’Afrique. Et à mettre fin aux réseaux d’influence et au clientélisme marqué du sceau de la "Françafrique". Trois ans après son accession à l’Elysée, le numéro un français peine cependant à convaincre.

Croissance et urbanisation

Plusieurs "affaires" n’ont pas plaidé en faveur de sa bonne volonté : une première tournée africaine qui l’a emmené, en 2007, jusqu’au Gabon d’Omar Bongo Ondimba, pilier de cette "Françafrique", l’aide "logistique" apportée en 2008 au président tchadien, Idriss Déby Itno, alors en proie à une rébellion qui manque de peu de prendre N’Djamena, et le limogeage, cette même année, du secrétaire d’Etat à la Coopération, Jean-Marie Bockel, jugé trop gênant par certains dirigeants des anciennes colonies françaises. Dernier épisode en date : le soutien à peine voilé à la candidature d’Ali Bongo Ondimba lors de l’élection présidentielle gabonaise organisée à la suite du décès de son père.

En introduisant des entrepreneurs français et africains à ce sommet de Nice, Paris souhaite démontrer que le temps des hommes de l’ombre et des "missi dominici" est révolu. Aux opérateurs économiques français et africains de se débrouiller seuls. Et en toute transparence. A l’issue de ces deux journées de travaux, les chefs d’entreprise doivent signer une Charte de l’entrepreneur français en Afrique à travers laquelle ils prendront des engagements en matière de formation, d’emploi et d’environnement. "Avec la croissance et l’urbanisation du continent, on voit émerger dans de nombreux pays africains, une demande solvable, a indiqué Nicolas Sarkozy lors d’une interview accordée à l’hebdomadaire économique "Les Afriques", à la veille de l’ouverture du sommet. La France veut être aux côtés de l’Afrique pour accompagner le décollage du secteur privé sur le continent."

"En Afrique, nous n'avons que des amis"

Un accompagnement d’autant plus nécessaire aux yeux de Paris que l’Afrique attire de plus en plus les convoitises des pays émergents, tels la Chine, l’Inde et l’Iran. Soucieuse de préserver ses intérêts et de renforcer son influence sur le continent, la France multiplie les appels du pied en direction des pays anglophones qui ne constituent pas son habituel "pré carré" des anciennes colonies.

Signe des temps nouveaux, le traditionnel "dîner des amis" - d’ordinaire reservé aux dirigeants des pays francophones - rassemblera cette année tous les chefs d’Etat et de gouvernement invités au sommet. Sans exception. "Car en Afrique, dit-on à l’Elysée, nous n’avons que des amis." Autre fait notable : Nicolas Sarkozy n’a officiellement prévu durant ces deux jours que deux rencontres en tête-à-tête, l’une avec le Sud-Africain Jacob Zuma, l’autre avec le Nigérian Goodluck Jonathan, deux hommes à la tête de pays... anglophones.