La situation se tend de plus en plus à Kingston, la capitale de la Jamaïque. Les forces de l'ordre ont donné l'assaut contre le fief d'un parrain de la drogue dont les États-Unis réclament l'extradition. Un soldat a été tué dans l'opération.
AFP - La police et l'armée jamaïcaines ont donné l'assaut lundi au fief d'un parrain de la drogue, dont les Etats-Unis réclament l'extradition, après plusieurs jours de violence qui ont fait au moins trois morts et six blessés dans les rangs des forces de l'ordre.
"Les forces de l'ordre sont entrées à Tivoli Gardens", un quartier de Kingston considéré comme le fief du narcotrafiquant Christopher "Dudus" Coke, a déclaré à l'AFP un porte-parole de la police qui a requis l'anonymat.
Un soldat a été tué au cours de l'assaut, a indiqué la police.
itA Washington, le département d'Etat a fait savoir que, par mesure de sécurité, son ambassade à Kingston suspendait jusqu'à nouvel ordre ses services "non essentiels" tels que la délivrance de visas. Il a également averti que les troubles risquaient de s'étendre en dehors de la ville. L'accès à l'aéroport est par ailleurs bloqué en raison des combats.
Des habitants paniqués tentaient de fuir le quartier situé dans l'ouest de la capitale, en proie à des combats de rue entre les forces de l'ordre et des hommes de main du parrain de la drogue. Certains d'entre eux ont déclaré à la radio jamaïcaine avoir vu des corps étendus dans la rue.
Les autorités jamaïcaines ont annoncé dimanche l'instauration de l'état d'urgence à Kingston et dans ses environs, où la police affronte des gangs prêts à tout pour empêcher l'arrestation de "Dudus", en vue de son extradition.
Les violences ont éclaté à Kingston à la nouvelle du mandat d'arrêt signé à l'encontre de Christopher Coke.
Deux policiers ont été tués et six autres blessés dimanche soir, selon la police. Au cours des derniers jours, les gangs ont saccagé la capitale. Quatre commissariats ont été attaqués, un a été incendié et une voiture de police a été volée.
L'état d'urgence, instauré pour une durée d'un mois à Kingston et à Saint Andrew (sud-est), permettra de "combattre les puissances du mal qui minent la société et nous valent d'être classés comme une des capitales du crime dans le monde", a assuré dimanche soir à la radio le Premier ministre Bruce Golding.
Des hommes armés issus de diverses communautés de cette île des Caraïbes de 2,8 millions d'habitants se sont ralliés à des "éléments criminels", selon la police.
Des résidents, notamment les femmes et les enfants, étaient évacués vers des lieux sûrs en autobus. Beaucoup ont cependant téléphoné aux radios pour affirmer qu'ils craignaient pour leur vie et ne pouvaient pas quitter la zone.
Selon la police, les gangs ont commencé jeudi à ériger des barricades et amasser des armes, y compris des fusils de gros calibre, pour empêcher l'extradition de "Dudus" aux Etats-Unis, où il risque la prison à vie.
Le Premier ministre jamaïcain a signé son autorisation d'extradition, revenant sur une décision antérieure, mais celle-ci dépend en dernière instance d'une décision d'un tribunal devant lequel le chef de bande doit comparaître.
"Dudus", 42 ans, est accusé d'être à la tête du gang Shower Posse, la plus importante organisation de trafic de drogue et d'armes de l'île des Caraïbes.
Ce gang, selon les autorités américaines, dispose de ramifications à New York et ailleurs aux Etats-Unis où il fournit marijuana et crack.
Dans certains quartiers de Kingston cependant, il est considéré comme un bienfaiteur et des milliers de ses partisans avaient envahi les rues de Tivoli Gardens jeudi, en apprenant qu'un mandat d'arrêt avait été lancé contre lui.
"Il est proche de Dieu, a affirmé un manifestant. Nous sommes prêts à mourir pour Dudus, exactement comme Jésus est mort pour nous sur la croix".