
, envoyée spéciale à Cannes – "J'ai adoré monter les marches avec l'équipe de 'Robin des Bois', la fête qui a suivi était grandiose et Cate Blanchett était vraiment sublime", raconte Éric, un commercial de 39 ans qui est de toutes les fêtes cannoises... Sans invitation.
"Pour monter les marches du Palais des Festivals, j’ai fait comme d’hab’". Par "comme d’hab’", comprenez : parvenir à s'engouffrer dans une voiture officielle qui vous laisse en bas des marches et passer les trois barrages.
Parler la langue de Shakespeare
Pour saisir l’un de ces carrosses noirs aux vitres teintées, Éric s’est posté dans le hall du mythique Hôtel Martinez, situé sur la Croisette, face à la Méditerranée. Quand l’une de ces voitures arrive enfin, l’intrépide devance toute interrogation en lançant au chauffeur - dans la langue de Shakespeare, "of course" - un "merci beaucoup de m’avoir attendu". Effet garanti.
"Une fois en bas des marches, je fais face au premier barrage où il faut montrer son invitation. Il y a une foule de gens qui attend que l’équipe du film 'Robin des Bois' finisse la séance photo", raconte Éric avec détachement. Consigne numéro un : être à l'affût du moindre relâchement des services de sécurité et, le moment venu, passer "tout droit en adoptant l'attitude des gens qui ne sont pas là par hasard."
Repérer une personnalité
Lentement mais sûrement, Éric progresse sur le tapis rouge. Et "traîne autour de l'acteur Russell Crowe", le temps, en tout cas, d'échafauder un plan pour franchir le second barrage, celui du haut des marches. Après avoir laissé quelques invités entrer, l'audacieux jeune homme aperçoit le ministre français de la Culture, Frédéric Mitterrand, son "meilleur passeport pour passer les autres barrages". Car Éric a appris une chose essentielle : "les gens importants" ne savent pas vraiment qui les entourent. Profitant de la confusion générale, notre ami feint d'être en grande conversation avec le ministre. "On ne demande pas son ticket à un ministre." Mission accomplie.
Une fois dans la salle, Éric attend le dernier moment pour prendre place sur un siège resté libre. Le jeune homme sait qu’une fois l’équipe du film installée dans la salle, plus aucune personne n'est autorisée à entrer.
Rester imperturbable
À la fin de la séance, l’espiègle festivalier continue son petit jeu. Durant la projection, la pluie s'est abattue sur Cannes. Éric se mêle aux invités en quête d'un parapluie officiel avant de rejoindre la fête du film. Imperturbable, il saisit l’un des pébroques et se rend à l’Hôtel Majestic entouré d’autres invités. "Sans me précipiter, je suis de nouveau passé au travers des barrages", nous détaille celui qui a fini par dîner non loin de Tim Burton, le président du jury. "Je lui ai même touché un mot pour le féliciter de son travail."
Éric profite ainsi du Festival de Cannes : sans accréditation ni invitation. Et cela fait neuf ans que ça dure. Mais toujours "dans le respect des autres et du cinéma..."